Mercredi 8 avril 2009 à 22:09

Je sors, enfin. J'ai fermé les yeux, et je les ai ouvert, je ne me souviens de rien. Depuis combien de temps j'étais là, depuis combien de temps je n'ai pas regardé une autre personne sans la craindre, sans me cacher. Ca je le sais, depuis hier. Je sors, et je marche comme si de rien n'était. Sûrement parce que rien n'est véritablement, nous naissons comme nous mourrons, rendant heureux ou triste un nombre trop restreint de personne. C'est tant mieux. Je marche en regardant droit devant moi, je suis devancé par plusieurs personnes. Je vois cette femme, à vrai dire je la regarde, mais mon esprit me dit d'écrire voir, sinon ma femme me tuera. Je vois cette femme donc: elle a une jupe en jean, courte, trop courte diraient certains, mais là il n'y a que moi. Ses jambes sont belles, ses fesses moulées, on distingue sa taille fine comparée à ses hanches larges. Rien qu'à ses cheveux pourtant je sais qu'elle a un visage disgracieux. Elle n'y peut rien, et puis c'est tant mieux, elle m'aurait presque plu. Elle marche, comme je marche, comme nous marchons. Il y a cet homme, qui est aussi grand que ma maison, que mon carton. Il fait des pas gigantesques, et je me traîne comme un handicapé, sûrement parce que je le suis. Je m'essoufle, je n'arrive pas à faire plusieurs choses en même temps, regarder cette fille, voir cet homme, et marcher. Voir cette fille, regarder cet homme. Et puis là je m'arrête, et je comprends. Je vois les regards des autres hommes en direction des jambes de cette fille. C'est comme un éclair, c'est brutal et rapide, et le son vient après, la conscience de la pensée vient après, la pensée. On pense, puis on pense qu'on a pensé. Là je vois la fille, je vois l'homme, je vois les hommes, et je comprends, ou du moins je crois comprendre. Et puis, personnellement, la différence n'est pas si importante entre comprendre et croire comprendre, parce que je ne ferais jamais la différence. Que je comprenne ou crois comprendre, il a quelque chose qui s'y apparente. Je me répète alors ces phrases, écholalie, psittascisme, ce que vous voulez:

Cet homme n'a rien compris aux femmes.
Cette femme n'a rien compris aux hommes.
Cette femme n'a rien compris aux femmes.
Cet homme a tout compris des hommes.
Cet homme n'a rien compris des hommes.
Cette femme a tout compris des femmes.

Je n'ai rien compris aux femmes.
Je n'ai rien compris aux hommes.

J'aime la femme qui me comprend.
Je comprends la femme qui m'aime.
Je ne comprends pas l'homme qui me comprends.
Je n'aime pas l'homme qui ne me comprends pas.
J'aime la femme qui ne me comprend pas.
Je ne prends pas la femme que j'aime, je comprends qu'elle comprend, que je comprends, qu'elle aime, qu'elle ne comprend pas pourquoi je l'aime.

Je ne je comprends je pas.

Ouai!
Ca, c'est me comprendre.

Samedi 4 avril 2009 à 2:35

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Même si c'est impossible.

"
On me reproche souvent de tenir des propos alambiqués, de ne pas être très clair, d'utiliser des mots assez obscurs qui permettent toutes les interprétations possibles. Je vais alors m'efforcer d'être le plus concis et le plus simple dans ce que je vais vous dire. Je vais éviter toute formule qui pourrait amener à des idées erronées sur ce que je souhaite affirmer, et ainsi tenter au mieux de retranscrire ce qui gît au fond de moi, autrement dit, mes sentiments à votre égard. Ne prenez pas cela comme une déclaration d'amour, ou comme toute autre adresse agréable, ce que je vais vous dire, je le dis égoïstement, c'est un désir que j'ai besoin d'assouvir aujourd'hui et surtout maintenant. Ecoutez-moi, taisez-vous, et tout ira pour le mieux.

Nous nous connaissons tous les deux depuis assez longtemps pour que j'ai oublié le jour de notre rencontre. Ne prenez pas ça mal, mais c'est vrai, je n'ai que très peu de souvenirs de nos premières discussions, de nos premiers échanges. Les seules réminiscences qui me viennent à l'esprit me mettent plutôt mal à l'aise: je me vois tenir des propos lourds de sens à votre égard, très équivoques, et presque grossiers. Je voyais en vous quelqu'un d'exceptionnel et l'affirmait haut et fort, je tentais  - à coup de compliments sur votre intelligence comme sur votre physique - de vous plaire. J'ai bien compris depuis que ce n'était en aucun cas le moyen pour y parvenir. C'aurait été trop simple, et si cela l'avait été, vous ne m'auriez pas obsédé comme ce le fût à l'époque, bien que j'étais encore jeune. Passons sur cette histoire, je déteste épiloguer sur des périodes qui n'ont en aucun cas à voir avec ce que je veux précisément dire.

Regardez-moi et regardez-vous, puis repensez à qui nous étions il y a de cela dix ans, à ce que nous faisions, à nos aspirations, notre volonté encore si jeune et j'irais jusqu'à dire naïve, sans pour autant la dénigrer. Elle était effectivement naïve, mais en rien dommageable ou ayant quoi que ce soit à lui reprocher. Nous vivions l'un séparé de l'autre, car nous ne nous connaissions qu'à peine, nous n'étions même pas des amis et tout juste des connaissances. Les années ont passé et nous nous sommes rapprochés, sans jamais devenir des amis intimes, mais en devenant tellement plus que cela. J'ai toujours eu la prétention inavouée de vous considérer comme quelqu'un d'à part entière ; ne prenez pas ça comme un compliment, ce n'en est pas un. Vous êtes pour moi, totalement à l'opposé du concept que je peux me faire d'une amie: en rien nous ne partageons les peines de l'autre, nous ne nous supportons jamais dans les moments difficiles, et les rares instants que nous daignons passer ensemble sont à mon avis, loin de tout plaisir extatique ou d'amusement dénué de tout but. Sentimentalement parlant, dans une sorte de vulgarisation de l'âme humaine, vous et moi ne sommes rien: ni amis, ni amants, ni amoureux. Nous nous connaissons et c'est déjà tant par rapport à beaucoup d'autres relations fondées sur le mensonge le plus total et sur la négation de soi-même.

L'unique éloge que je peux vous accorder n'est pas des moindres, elle est sûrement, dans toute mon existence, la plus sincère et la plus profonde qui soit. A vrai dire, le pourquoi de cet éloge, je dois le reconnaitre, je le perçois comme la seule chose agréable et monumentale que quiconque ai fait pour moi de manière désintéressée et parfois j'irais jusqu'à penser, fortuite. Je m'avance peut-être trop, je me perds sûrement dans des formules d'usage en vous disant que vous avez accompli un acte désintéressé qui sur le moment ne l'était pas, mais qu'importe, j'aime le percevoir ainsi. De me dire que vos mots ont été ceux de votre pensée, ceux qu'un homme, qu'un homme tel que moi attendait d'entendre. Je ne les espérais en rien, je ne les imaginait même pas, seulement, mon inconscient s'il existe, mon âme ou mon être, se devait de les entendre pour se révéler, se surpasser, et en arriver là où il en est.

Je ne peux pas me blâmer totalement et encore moins vous accorder toutes les causes de cette réussite, mais si je devais dresser à ma mort les statistiques des gens qui m'ont été bénéfiques, vous seriez en tête bien devant Nietzsche et d'autres philosophes. Vous pensez certainement que j'en fais trop, mais nous me connaissons, nous savons que c'est à mon habitude. Je trouve toujours qu'en faire trop vaut davantage à ne pas en faire assez, comme ça personne ne part sur sa faim, bien qu'il m'arrive de culpabiliser de m'être dévoilé mais ce n'est qu'une façade, après quelques réflexions je comprends aisément que tout ça n'était qu'un surplus, et que le vrai reste et restera tapis au fond. Je vais être net, évitons-nous ces alanguissement insupportables et mielleux qui caractérisent la plupart des éloges, ces faux-semblants qu'on diraient tout droit sortis d'une veillée funéraire pour que les vivants se souviennent du défunt comme d'un héros alors qu'il n'était qu'un ivrogne vulgaire et violent.

Soyons précis, je ne porte pour vous aucun amour, ni même ce qui peut s'en rapprocher de loin ou de près. Il m'est arrivé, de temps à autre, d'éprouver ce que tant d'autres caractériseraient par un sentiment amoureux, ou pire encore, une passion inavouée, mais je sais pertinemment que tout ça n'était que de l'estime à votre égard. C'est de cette estime que part mon éloge: j'ai rencontré dans ma vie de nombreuses femmes, et en plus de les rencontrer, j'ai eu parfois la chance, parfois le malheur, de les fréquenter. Que voulez-vous, je suis un homme, vous êtes une femme, et tous deux savons très bien ce que font habituellement les deux sexes quand la lumière est éteinte. D'ailleurs ce caractère presque animalier m'a toujours rebuté chez moi, et chez vous, il m'a davantage fait rire. Passons là-dessus et revenons à l'essentiel.

En étant tout à fait honnêtes avec nous-mêmes, nous savons très bien que malgré certaines illusions perdues, certains rêves d'adolescence bafoués, nous sommes restés les mêmes, rien en nous n'a fondamentalement changé. Vous comme moi, ne pouvons nier l'évidence: nous menons des vies qui ne sont pas à l'instar de celles que nous rêvions ensemble, et pour être tout à fait franc, elles sont presque celles dont nous nous moquions allègrement passé minuit. Nous voyons bien, mutuellement, dans le regard de l'autre une légère flamme s'allumer lorsque nous parlons de notre femme ou de notre mari respectif, cette flamme qui se consume en dépit de celle qui s'est éteinte pour la laisser vivre. Nous n'osons plus être ceux que nous étions, nous n'osons rêver à un autre monde, mais bien que mon caractère ai tendance à me porter sur l'auto-flagellation je dois reconnaitre que ce n'est en rien notre faute. N'épiloguons pas plus que cela, c'est mon point de vue et vous connaissant, je peux m'avancer sans trop de risque en disant que c'est aussi le votre.

Voyez où nous en sommes après tant de billevesées, pas plus avancés. Il serait bien trop simple de vous accorder la construction même de qui je suis devenu, ou bien d'être le point de départ qui m'a mené à ce chemin. Pour être le plus véridique possible, je dirais que vous avez su révéler en moi ce qui avait besoin d'être révélé, et ce non pas par un besoin naturel, physique ou psychologique, mais un besoin que je qualifierais de vital. Force est de reconnaitre que sans vous, il y a de grandes chances pour que je sois resté pendant longtemps si ce n'est pour toujours, celui que j'étais à notre rencontre. Vous êtes si ce n'est la cause, j'oserais vous qualifier au moins de déclencheur. Ainsi, je ne renie en aucun cas votre action mais limite comme il faut son importance. Le temps montrera ou non, l'effet négatif de la révélation que vous m'avez permit d'avoir. Pour l'instant, nous pouvons mais surtout vous pouvez, vous en félicitez, et ce j'espère, non pas à contre-coeur. Vous avez fait ce que des milliers d'autres rêvent en secret de faire à leur tour. Ensuite, de là à définir ce qui vous a poussé à faire cela, ou bien même ce qui vous a permit de le faire, là n'est pas mon rôle, c'est le votre, et je vous le laisse sans aucune rancune.

Nous savons comment sont les hommes et surtout les femmes: perfides, menteuses, et plus encore manipulatrices. Il m'est arrivé de penser que vous ne faisiez cela que pour arriver à vos fins, sans même savoir lesquelles, ou même, réussir à les imaginer. Il m'a bien fallu abandonner cette perspective, car de jour en jour je me révélais à moi-même comme aux autres et percevait cela comme une chose hautement bénéfique. Ce qui souvent l'emportait face à cette crainte que vous soyez une femme, était cette peur de prendre trop à coeur ce que vous disiez en plaisantant. Vous ne tarissiez pas d'éloges à mon égard, et même si effectivement avec le temps j'ai appris à les prendre au sérieux, il persistait toujours ce doute que certains d'entre eux n'étaient que des mots vagues, indiscernables d'une irréalité, d'un quasi mysticisme que vous portiez à l'homme parfait dont vous me parliez si souvent et auquel je voulais ressembler. Soyons définitifs, non pas pour vous plaire, mais car cette image m'attirait bien plus que toutes celles que j'avais pu me créer.

Vous étiez ma machine à rêves, et vous avez fait de moi, ce qu'aucune autre femme n'aurait pu accomplir.

- Vous êtes romantique quand vous avez bu.

"

J'ai abrégé, la fatigue sûrement.
Je m'étonne à faire ce qu'on aime de moi, remplaçant mes mots et mes idées par des choses un peu trop conventionnelles à mon goût.

Mais qui est l'arbitre des élégances?

Vendredi 3 avril 2009 à 20:34

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C'est notre incapacité, nos limites, qui me désolent tout en me faisant regretter d'être un homme, ou bien une femme, je n'en sais rien.

Il nous faudrait l'esprit d'un enfant, mais soit dit en passant, celui d'un enfant bien éduqué, je ne vois pas ce que l'on pourrait faire avec une de ces têtes pourries par une éducation trop sévère ou trop laxiste, ces enfants des rues ou encore des quartiers chics, ces enfants dont la vie se résumera à être celle que leurs parents ont vécu ; une vie misérable, dénuée de tout but, de tout objectif, si ce n'est celui d'imposer sa loi, sa volonté, et son amour aux autres.

Prenons donc un enfant lambda, qui demande toujours : "pourquoi?" et replaçons cette initiative dans un esprit mature, doué d'un intellect certain et ouvert au monde. Ajoutons à cela un autre enfant du sexe opposé avec qui il pourra agréablement être compris et discuter.
Vous obtiendrez Jeanne et Serge, coup de foudre au match de volleyball...

Pourquoi sommes-nous incapables

De concevoir l'imperfection du monde, de l'amour, de tout être en général, comme une caractéristique obligatoire, presque innée, mais surtout nécessaire. D'admettre l'imperfection de notre âme, et davantage celle des autres. Nous voyons dans chaque détournement, chaque diversion à l'ordre moral, chaque passage obligé manqué ou dans chaque action fallacieuse, une tâche ; comme si l'être parfait existait ou que nous devions obligatoirement nous en rapprocher en suivant une voie sure, une voix sérieuse, cette sorte d'animal mystique que des personnes d'un autre temps appelaient conscience. Aussi bien vous que moi, sommes dans une période de transition historique, nous sommes à l'embranchement parfait: nous croyons avec certitude que le pire est arrivé lors des cents dernières années, les guerres, les tortures, les nombreuses morts, nous échappons à tout cela, confinés dans notre inactivité de crise sociale, culturelle, avant d'être économique. Nous voici, comme un certain jeudi noir, pas loin de l'exacte moitié de ce qui s'annoncera comme étant un drame international. Nous vivons, sans penser à mal, notre vie en espérant mourir avant ce jour.

Nous recherchons la perfection, ce qui est vierge, naïf, nous voudrions tous dominer les autres, les impressionner, faire de notre vie cet espace infini d'admiration à notre égard aussi bien pour notre potentiel que pour l'homme ou la femme que nous sommes. Où est le mal? Nous nous dépassons dans cette voie, nous faisons de notre corps et de notre coeur des êtres à l'apparence exceptionnelle, qui reçoivent éloges et compliments aussi aisément qu'ils en profitent pour se vanter d'eux mêmes. Nous ne vivons plus en tant qu'homme, en tant que femme, seulement en tant qu'action. Nous nous définissons par nos actions, plus rien ne compte si ce n'est ce que nous faisons, oubliant presque violemment que l'inactivité est parfois bien plus grave que son contraire. Nous sommes actifs, agissant, et agités. Rien ne met un frein à ce monde en perpétuelle avancement.

Autrui existe, et il est là pour nous apporter son réconfort quand nous échouons. Nos épaules ne supportent plus notre propre poids, elles ne supportent plus nos pleurs, notre coeur, et voilà bien longtemps qu'elles ont rompu avec notre âme.

L'homme est sa finitude.

Tous les hommes sont immortels, mais ils agissent comme s'ils devaient mourir un jour, ils vivent dans le présent, il n'en ont que faire du futur, et le passé n'est même plus un souvenir. Ils actionnent leviers et boutons, dorment mangent forniquent, à l'instar d'animaux. Plus rien ne semble les en différencier ; il n'est même pas question d'y opposer la parole, les rares fois où ils s'expriment, c'est pour mentir, se plaindre, et éprouver un sentiment feint de pitié. Rien ne caractérise plus les hommes comme de vrais êtres humains. Ils sont des troupeaux grégaires, qui se déplacent toute leur vie, entre femme travail et maison, pour trouver ce qui leur convient le mieux.

Nous allons à la chasse les amis, armez bien vos fusils, nous sommes samedi et ils sont nombreux!

Souvenir souvenir ohooohooo:

"
Est-ce si particulier? Est-ce définitivement fini? Voilà venir la fin, sans finesse et sans lendemain. Je ne vois plus le même visage, je ne vois plus l'avenir, la beauté et l'amour. Une parmi tant d'autres. Il n'y a d'unique que mon ancien amour qui se perd peu à peu dans des méandres survenues sans prévenir. Je suis seulement ce que j'étais, sans divergence, sans changement. Je ne suis que l'ombre passée d'une moitié d'aujourd'hui, qui cherche à retrouver son entièreté d'hier. Me voilà, sans plus ni moins, n'être qu'un jouet d'un état d'habitude.

Me voilà être comme tous les autres: un corps sans âme, une femme sans drame, un corps sans flamme, un homme sans femme.
"

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