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J'ai fait un rêve ce matin, un rêve que je pensais appartenir à la réalité, un rêve que je prenais pour la réalité. J'ai rêvé d'un immense château dont les murs étaient faits d'or massif, les fenêtres étaient du diamant, et les marches qui menaient à son entrée étaient pavées de marbre. Tous les détails, toute la perfection de ce château je les connaissais, car c'est moi qui l'ai bâtit, c'est mon rêve, mon château. J'ai rêvé que ce château m'appartenait, moi qui éleva ses murs, construisit ses remparts, le rendit vivant en lui offrant mon âme. C'est un cadeau, un cadeau qui a un prix. Il était mon enfant, ce gigantesque enfant qui renie ses parents. Le vide de mon coeur s'était comblé en me consacrant à une oeuvre, une union, de la chair et de la pierre, de l'âme et de l'architecture, j'étais le créateur le tout puissant, celui qui a insufflé la vie au roc, celui à qui ont doit tout, l'unique et l'absolu. Son existence était la mienne.
J'ai compris ce midi, que tout cela est un rêve, un effet d'imagination qui n'a ni racine ni âme. J'ai bâtit un château d'or qui ne m'appartient pas, j'ai bâtit la perfection pour d'autres. Tout semble s'échapper, mais rien ne fut à moi. Ce pourquoi mes mains ont souffert, ce pourquoi mes yeux s'émerveillent, ce pourquoi mon corps s'est donné, ce pourquoi mon coeur s'arrête, n'est qu'une prétention, qu'une invention. La réalité n'appartient pas à ceux qui la font, la réalité n'est pas celle qu'on donne, pas celle qu'on fait. Rien ne m'appartient, je suis riche de ce que je n'ai pas, et pauvre d'avoir une âme. Midas est roi dans son château d'or, il se réjouit, mais me doit tout ce que je lui ai donné. C'est un cadeau, un cadeau qui a un prix. Pierre après pierre, j'ai bâtit face à moi la plus grande offrande d'une vie. J'ai atteint la perfection, j'ai réalisé mon imagination, je n'ai rien perdu à parfaire, mais à y croire.
J'ai vu ce soir, que ce rêve me rendait heureux.
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Deafening.
... tout de même.