Dimanche 16 août 2009 à 16:46



Il me faut toujours un certain temps pour comprendre certaines choses. J'ai une sale tendance à me renfermer sur moi-même, à ne parler qu'à moi-même, à ne jamais exprimer mes pensées les plus absurdes et à me restreindre quand on ne me demande que de me libérer.
C'est cela être un homme, et les espoirs qu'ils placent dans les femmes sont tous les mêmes.

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Je ne sais pas raconter les histoires, vous le savez bien. Je ne suis pas quelqu'un qui aime ou qui sache conter sa vie, faire d'une chose insignifiante une fresque romanesque. Je ne sais dire les choses que telles qu'elles sont, avec une clarté et une franchise qui me sont souvent reprochées. Je ne manque pas de tact, je n'en ai tout simplement pas. Les évènements ne sont pas pérennes, il me faut les revivre pour les retranscrire avec un minimum de perfection.

Je ne sais pas par où commencer, c'était il y a longtemps, bien avant de vous rencontrer, il m'est arrivé de côtoyer d'autres femmes. Je les aimais comme un enfant, sage et distrait, donnant tout en ne prenant rien, capricieux et volubile. Je m'attachais à elles en craignant toujours cette fin prématurée où elle et moi, d'un commun accord forcé, nous nous séparerions. Je vivais heureux, bercé par les endorphines, les yeux encore embués de plaisir la tête pleine de projets. J'ai demandé en mariage des dizaines de femmes, et aucune n'a jamais refusé, mais les jours passant, ma demande s'amoindrissait à mesure que mon amour s'effilait entre leurs doigts.

Je ne sais pas quel jour, ni quel mois, si ce fût brusque, ou simplement latent, comme si j'avais recouvré la mémoire ou si j'avais enfin compris ce qui depuis si longtemps me paraissait inacceptable et inaccessible. Je voyais cet homme, et je pensais à celle que j'aimais à cet instant. Je l'écoutais parler, dire des énormités, je le voyais agir comme un homme, brusque et soudain, violent et se complaisant du terrestre, et d'ailleurs dangereux. Je le voyais, et je m'observais à travers ses yeux, j'avais sa vue embrouillée par l'alcool, mais j'étais encore capable de me discerner dans son marasme d'idées sans suite.

Je ne sais pas ce que j'ai d'abord ressentit, sûrement de la honte, puis de la pitié, une grande pitié sans limite, en m'observant. Je n'étais qu'un être frêle, qu'une femme dans un corps d'homme, qu'un intellectuel de seconde zone. Même à travers ses yeux, je voyais que tout mon être n'était pas à sa hauteur, que dans notre société, je valais mieux que cet homme, que ce cobaye de l'existence qui souffrait jour et nuit. Pourtant je voyais bien d'autres souffrances, je n'étais rien ni personne, dans ce monde d'affiliations, de relations, je m'isolais et me cloitrais en moi-même pour mon plus grand plaisir. Ce regard hébété, embrumé par tant de substances illicites me révélait mes faiblesses, mes incapacités, celles que je ne pourrais jamais changer même en un millénaire. Dans ces iris, je n'étais plus apte, plus capable de continuer ainsi, à me mentir, et à me voir au-dessus alors que je n'étais qu'à côté du reste du monde. 

Je ne sais pas comment m'est venue cette idée, ma compagne actuelle, m'a traversée l'esprit, et j'ai ressentis un froid glacial, de ceux qui s'apparentent bien plus à une vérité insupportable à entendre qu'à un mauvais pressentiment. J'avais perdu cette femme dans les bras de cet homme, mon esprit l'avait fait apparaitre près de lui, comme une amante de toujours. Je les voyais s'entendre, s'aimer, simplement, bien plus simplement qu'avec tout ce que j'avais à lui offrir. Je n'ai pas souffert de son départ, juste de ses raisons. Elles étaient toutes indéniables, toutes plus claires les unes que les autres. Quand bien même elle ne serait pas partie, je l'aurais forcée par différents moyens. Mon esprit venait de me faire ressentir la douleur d'une rupture qui n'avait pas encore eu lieu.

Je ne sais plus à quel moment je suis sortis de cette torpeur, où je suis resté bien trop longtemps. Je voyais s'ériger devant moi l'homme, au sens primaire du terme, celui qui ne vit que pour survivre. Il s'élevait tout en s'enfonçant dans des discours incompréhensibles motivés par l'alcool. Je n'avais pas seulement réalisé que je n'étais plus rien, que j'avais tout perdu, mais la femme que j'aimais avec qui pendant tant d'années j'avais fomenté des projets d'avenir des plus sérieux et que je souhaitais voir se réaliser , ne m'aimerait jamais. Je n'étais pas un homme, et pour me consoler je pensais : je n'étais pas un homme pour elle.

Je ne sais pas ce qu'est devenu cet homme, à l'heure actuelle il doit être mort, ou dans l'état exact dans lequel je l'ai laissé il y a vingt ans. Je comprenais mes sentiments pour cette femme, je l'admirais, l'appréciais, pour tout ce qu'elle représentait pour moi. Tant de temps à jouir d'un présent serein et à bâtir un futur à deux, cependant mon coeur s'était endolori d'une vérité inavouable et inévitable. Elle pouvait me lasser de ses "je t'aime" de ses caresses et de son manque en mon absence, au fond, comme l'ombre des mots, se peignait une vérité que tôt ou tard, nous devrions affronter ensemble, et ce malgré toutes les conséquences que cela pouvait engendrer.

Je savais très bien une chose, c'est qu'elle refuserait catégoriquement tout ce que je pourrais lui dire, tout ce que j'avais pu ressentir. Elle n'oserait jamais reconnaitre un fait auquel elle n'a participé que dans ma tête. Elle aimait cet homme, lui ou tous les autres, tous ceux que je n'étais pas, tous ceux qui ne me ressemblait pas. J'étais gentil, plein d'affection et d'attentions, mais le reste n'était pour elle qu'un surplus qu'elle aurait préféré voir remplacé par cette masculinité, cette prise immédiate d'initiative, cette violence qui caractérise toutes les vies sauf la mienne. Je n'avais rien à lui offrir, et une fois les endorphines des premières années dissipées, elle verrait enfin qu'elle n'aimait pas un homme, mais un chien errant. Un chien sans autre maitre que l'absence, un chien qui court toute la nuit à la recherche d'un endroit où dormir sans être près de son ombre, un chien qui fuit, un chien sans âme.

     La vision de moi-même que j'ai eu cette nuit là n'a pas été une chute de très haut, toutes ces choses je les connaissais depuis assez d'années pour ne plus m'en lamenter. Tel l'ancien alcoolique qui certains soirs rechute et boit son dernier verre, tel la jeune adolescente difficilement fidèle qui se laisse porter, il y a des nuits où notre incapacité reprend le dessus et où il est impossible d'y échapper ; j'avais même arrêté de me trouver des excuses pour expliquer mes rechutes momentanées, je les acceptais comme des instants de lucidité. Mon insomnie provenait de ce que j'avais vu du futur, l'incompatibilité entre moi et son amour. Elle ne m'aimerait jamais assez, et cette prise de conscience fût pleine lorsque je compris que je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même.

     Je ressens toujours cette compassion pour ces personnes qui luttent certaines nuits contre elles-mêmes, sans jamais lâcher prise, mais qui finalement échouent. Perdre une bataille ce n'est pas perdre la guerre, ils continueront inlassablement à croire que tout est possible, qu'un changement adviendra. D'autres se voilent la face et refusent catégoriquement d'accepter, de concéder à leur âme cette faiblesse qu'ils se cachent par tous les moyens, pourtant ils continuent d'y céder. Je comprends le désarroi qu'ils ressentent lorsqu'une force supérieur à eux les condamne à user de cette faiblesse, cette force insatiable qui perdure à l'infini car elle est leur part d'humanité.

- Vous racontez de bien tristes histoires.

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A n'a plus de phone.

Mercredi 6 mai 2009 à 23:49

Je dors mal, j'ai un sommeil agité, troublé, et surtout non réparateur. A cela s'ajoute cette femme, qui ne vit que dans mes rêves, et qui est là presque tous les soirs. Une brune, belle, qui ne me veut aucun mal. Elle ne dit jamais rien, elle ne fait jamais rien, je rêve d'elle, je la regarde, elle me touche parfois, m'embrasse quand bon lui semble, elle n'a ni prénom, ni voix, elle me repose, m'endors dans mon rêve. C'est elle, la paix que je chercher tous les jours, c'est elle qui me réveille et me laisse vivre une journée dans une tranquillité qu'il m'est rare d'atteindre depuis environ un an. C'est ce que je disais à une amie, ou ce que je tentais de lui expliquer, ma notion du bonheur. Certains recherchent une satisfaction pleine et totale de tous leurs désirs, comme condition au bonheur, je ne vois pas les choses comme ça. Le bonheur, ce n'est ni le plaisir, ni la tristesse, c'est l'absence même de peine ou de joie, c'est l'ataraxie, c'est l'oubli, c'est cet instant suprême et parfait où on peut proférer en le pensant sincèrement, sans dépression aucun: je pourrais mourir aujourd'hui.

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Vous. Vous savez, je vous apprécie.

Je le sais, et je le sais même trop. Vous me dévorez des yeux à chaque instant où je détourne les miens. Je vous regarde, vous admire parfois, mais que voulez-vous entendre de ma bouche?

Rien.

Rien, et c'est effectivement de ce rien dont je parle. Pendant que d'autres, incapables de distinguer l'amour de leurs besoins, quémandent à celui ou à celle qu'ils sont sensés aimer, de faire pour eux ce qu'ils pourraient exiger d'une mère ou d'un ami, le peu que vous semblez vouloir de moi se résume à ma présence et à ma discussion. Nous ne pourrions guère être un couple, car de ma fidélité, de ma gentillesse, de ma féminité, vous ne sauriez quoi en faire et n'en profiteriez qu'aux moments où je vous y autoriserais. Vous voyez en chaque femme une madone, une icône, une figure respectable de la nature, quand vous même, êtes bien plus apte à être l'objet  d'un tel jugement.

Vous pensez trouver en moi cet idéal qui vous perturbe tant, cette paix, alors que je ne suis qu'une femme, et bien que nous ayons le même âge, je suis bien trop vieille pour vous. Le temps rend les femmes difficiles et inutiles, lorsque notre corps décide de se manifester et ainsi de se distinguer d'une masculinité enfantine, il en est fini de toutes nos chances. Nous pouvons tenter de retarder ce processus, mais il est inévitable et surtout irréversible. Les hommes sont inconstants par nature: vous changez de personnalité, de femme, de métier, de voiture, ne regrettant que peu ou pas du tout. Les femmes en sont encore à ce stade primaire, animal, instinctif.

Une fois enfermées dans notre propre prison d'oestrogènes, rien ne nous permet d'en sortir, et chaque tentative nous cloitre davantage. Plus nos formes s'affirment et plus nos protubérances de toutes sortes deviennent voyantes, moins nous sommes douées de raison. Lorsque nous sommes en âge de faire l'amour - biologiquement évidemment, car les bonnes moeurs ou les instructions maternelles n'ont que peu d'impact - nous trouvons un nouveau moyen d'arrêter toute réflexion, au profit d'un désir insatiable et pesant. Certaines se perdent dans des histoires d'un soir, quand d'autres s'attachent et se détruisent. Bien que l'adolescence ne soit qu'une passade, le pire est à venir.

Si nous croyons encore en l'amour, nous nous obstinerons dans une voie incertaine, et tenterons de nous laver de nos péchés en frustrant les désirs des autres. Sinon, nous continuons à faire de notre amour ce papillon, vivant quelques jours, tentants parfois de lutter pour survivre, et finalement mourir en total connaissance de cause. Puis arrive ce moment où nous perdons définitivement notre essence, voire même, ce qui pourrait faire de nous les égales des hommes : la maternité. Nous sommes alors un vulgaire animal en période de gestation, soumis à ses hormones, ne vivant que pour se nourrir et voir son enfant naitre. Le pire arrive enfin, après la naissance nous ne sommes plus que des mères, nous nous rendons esclaves des responsabilités et de notre instinct, nous nous plaisons à entendre: "tu as l'instinct maternel!" Nous devenons fières d'être des animaux, nous le renvendiquons comme un droit. Quel bien y a t-il à être une bête, incapable d'une quelconque réflexion poussée. Nous ne sommes plus rien. Voilà pourquoi nous nous attachons tant à ce que nous avons mis au monde, car c'est bel et bien notre dernier travail sur terre: l'éducation.

Vous n'avez rien compris à cette idée. Vous n'espérez même pas, vous croyez qu'une alternative est possible, alors que c'est uniquement l'ordre naturel des choses. La femme portera toujours en elle ce gène, cette marque de la nature qui l'apparentra plus à une femelle qu'à une humaine ; quand l'homme part, rompt toute relation avec le monde qui l'entoure, pour se terrer dans la montagne, pour vivre en ermite, il est plus humain qu'elle. Vous prenez ce caractère typiquement féminin pour une force, une garantie de sauvegarde, alors que cela n'engage et n'amène qu'un amoindrissement intellectuel de la population, l'asservissement des hommes dans une société réputée égalitaire. Partez, je vous en pris, partez avant que nous nous aimions, avant que votre esprit soit gâché par mon amour et mes reproches.

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Ce qui m'intrigue le plus chez cette femme, c'est son sourire. Elle sourit, et lorsqu'elle pose la main sur moi, elle me glace, me transporte. Ce n'est pas un rêve comme on l'imagine, ou comme on les fait habituellement. Je sais que je rêve, je sais que ce n'est pas la réalité, et que cette femme n'existe pas, pourtant je l'admire, elle semble vouloir me dire quelque chose. Un mot, une réponse, un ordre. Elle ne dit rien, et m'endort. Je n'ai jamais aussi mal dormis de ma vie ; je n'ai jamais autant rêvé d'une femme de ma vie.

Broute-minou.

Jeudi 16 avril 2009 à 14:30

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Ne jouons plus sur ces terrains vagues qui ne nous mènent nulle part, j'ai une subite envie d'être franc et direct. Peu de personnes osent l'être, et peu de personnes savent l'être, elles se voilent l'âme craignant de découvrir ce que j'ai découvert depuis longtemps, un moi haïssable, un être désuet et vil. L'important n'est pas chez les autres, je vais arrêter ces comparaisons futiles. Soyez attentive, si je vous dis tout ça, c'est qu'aujourd'hui, plus que n'importe quel autre jour, mon être me pèse et me dérange. Vous percevez parfois en moi, une réalité, ma réalité, qui je suis, et pouvez prévoir ou comprendre ce que je pense ou compte faire, c'est comme cela que l'on connait les gens. Il reste toujours une part d'inavoué mais ce n'est pas là le sujet qui m'intéresse. C'est cette autre part, celle bien visible, qui découpe, segmente, mon esprit comme mes désirs, comme mon comportement, en deux entités distinctes, voire contradictoires.

J'admire le courage de certains et de certaines à jouer, sur-jouer leur rôle tous les jours, et à s'effondrer le soir dans leur lit. Ils pleurent, ils souffrent, mais ils acceptent cela comme une routine, un train de vie normal. Parmi eux, certains perçoivent ce qu'ils font, quand d'autres ne s'en rendent même plus compte. Vivre ainsi est devenu leur habitude, comme respirer, ou dormir, ils pensent et ne conçoivent pas la vie autrement. Puis il y a les éternels heureux, que je blâme et respecte, sans pour autant jamais les mépriser, eux qui ne connaitront jamais la vraie grandeur de l'homme qu'est la souffrance. Enfin, il y a tous les autres, ceux qui vivent, oscillant invariablement entre l'extrême et l'absolu, qui tiennent à dominer, à réussir leur vie comme une entreprise, comme un rêve, poursuivant leur but coûte que coûte. C'est encore sans parler de ceux qui se trouvent à chaque extrémité, ceux qui fondent leurs espoirs dans des idéaux qui occupent une place à part entière. Ceux-là je les méprise, je ne vois en eux que des chiens, attroupés, grégaires, vivants et luttants pour une cause qui disparaitra à leur instar: vite, sans que personne ne s'en préoccupe véritablement.

Entre le monde, je suis partagé. J'aimerais être de ceux qui tentent de trouver le juste équilibre, ce point culminant, qui voient la vie comme un objectif à atteindre, et ce en passant par différents points: les études, le travail, la famille. Être droit, respecté et respectable, me contenter du peu et surtout de moi-même. J'aimerais aimer ce qu'ils aiment, penser ce qu'ils pensent, voir comme ils voient. Me libérer, un tant soit peu, de ce qui me hante, plus que de ce qui m'habite. Hesse aurait dit que j'étais ce loup des steppes, incapable, et enfermé en lui même, se combattant parfois, perdant toujours. Il est sûrement plus difficile de vivre avec soi-même qu'avec les autres, mais c'est tellement plus agréable. Se saisir, se percevoir, entretenir une conversation quand nous sommes autant le locuteur que le destinataire. Il y a là, un état où l'être se sublime, pour se métamorphoser en une individualité aussi bonne que dangereuse.

Vous m'écoutez parler depuis des heures, que vous soyez d'accord ou non vous ne dites pas un mot. Vous essayez de comprendre, vous aimeriez comprendre, et surtout ne pas souffrir lorsque je dis ces quelques mots: je veux m'échapper. J'ai ce besoin inhérent à mon sexe et à ma personnalité de me soustraire aux autres, à un monde que je ne comprends pas plus qu'il ne me comprend. Peu importe l'endroit où je me rends, peu importe les personnes que je rencontre, il y a toujours cette étrange situation doublée de ce sentiment qui me fait sentir que je ne suis pas à ma place. Il n'y a que seul, cloitré, que je me sens être. Je ne comprends pas pour autant les marginaux, les ermites, bien qu'il m'arrive de leur ressembler. J'aurais voulu avoir le choix, et parfois il me prend cet élan humain, ce désir de nouer des liens, de me conforter dans une situation qui est celle des autres. Je ne résiste pas longtemps, je perçois rapidement dans leur comportement des traits qui ne sont pas les miens, et qui plus est, en sont les contraires. J'ai cherché maintes solutions, des plus radicales aux plus aisées, pourtant aucune ne semble convenir ; éternellement j'oscillerais entre ces deux états, d'abord celui de bâtir mon monde, en détruisant celui des autres, puis de temps à autre, je voudrais être entouré, vivant, humain.

Je n'admets pas cette situation, j'ai l'espoir infondé qu'un jour elle disparaisse. Je rêve parfois de ce grand sursaut qui me révèlera une sorte d'antique vérité, qui m'ouvrira les yeux et ne m'isolera plus du reste du monde. A plusieurs reprises j'ai mis tous mes espoirs et ma volonté dans différentes choses, personnes: je croyais qu'elles me donneraient des raisons suffisantes pour ne plus jamais désirer ce qui au fond, causera mon inévitable perte. Jamais aucune d'entre elles n'a su me rassurer, par manque de moyens, par manque de compréhension, ou simplement par manque de conviction. Je me suis retrouvé presque contraint d'accepter ma nature telle qu'elle est, et d'affronter mes besoins envahissants. Quand bien même j'aurais fait toutes les tentatives possibles, il m'arrive souvent d'admettre qu'il est impossible de renier une nature si imposante et solitaire. Je me conçois alors comme ces animaux dirigés par leur instinct, incapable de penser ou de vivre autrement, cela vit dans mes gènes, et c'est davantage inhumain de vouloir combattre la nature que d'être seul.

- J'aurais voulu vous aider, mais, je vous aime.

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Jouer la jeune fille de l'air,
Regarder les étoiles
Envoyer des éclairs
Peindre mes toiles.

Partir à l'aventure,
En voiture
En nature
En amour
Pour toujours.

Je suis curieux de voir ce qu'un homme est capable d'endurer vraiment! Une fois la limite du supportable atteinte, je n'aurais qu'à ouvrir la porte et à m'échapper.


Mardi 14 avril 2009 à 2:16

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Arrêtons un instant, vous m'entendez, un seul instant, je dois vous dire exactement ce que je pense maintenant ; que cela résolve notre problème ou non, là n'est pas l'important. C'est simplement notre toute dernière chance, après tant de temps perdu, c'est ce en quoi je place mon dernier espoir. Je m'épuise depuis des mois, vous aussi, et cela ne mène à rien, nous cherchons sans jamais rien trouver, ce qui aggrave encore notre situation. Soyons réalistes, c'est l'acte final, le dénouement qui se joue sous nos yeux, et c'est à nous de choisir qui mourra, ou qui vivra. A nous, pas à moi, pas à vous, à nous. Je sais que c'est radical, et la décision venant de moi vous pousse à refuser cette alternative, mais réfléchissez, nous nous offrons dans tous les cas la liberté, ou un avancement certain. Je ne peux plus persévérer dans cette état des choses, ce n'est pas moi, ce n'est plus moi. Je n'avais jamais pensé pouvoir en arriver là un jour, et c'est le cas pourtant. Prenez ça comme un dilemme, il n'y d'échappatoire qu'un choix, quel qu'il soit.

Je tenais d'abord à vous prévenir, tout ce que j'ai à vous dire va sûrement prendre un temps considérable, donc soyons clairs, si vous en avez que faire de ma proposition, allez vous en et nous resterons dans cette situation indéfiniment, sinon, écoutez-moi, et taisez-vous.

Cela me tient à coeur de commencer par le début, je ne veux pas me perdre dans une nostalgie hors-propos, ni même dans une mélancolie vis à vis du passé, je serais concise, mais il y a des points sur lesquels je tiens vraiment à revenir. Passons donc cette période de notre rencontre, et les quelques mois qui ont suivis, nous étions trop jeunes et encore trop naïfs. Partons de la deuxième année: nous étions encore soudés, passionnés plus qu'amoureux, et nous voyions en l'autre cette chance, cette unique chance que personne d'autre ne pouvait nous offrir. Je m'avance sûrement en vous incluant, car avec le temps j'ai bien découvert que les vérités que vous me chuchotiez à l'oreille étaient aussi importantes à vos yeux que les hommes avec qui je vous trompais. Ne faisons pas les innocents, nous avons tous commis des crimes, des péchés, des actes mauvais, et pourtant nous en sommes toujours au même point. Le souvenir qui a de l'importance aujourd'hui, c'est celui de ma profonde conviction en vous, et dans la chance que vous me laissiez apercevoir. Nous savons que les autres hommes que j'ai pu connaitre ne m'ont laissé de choix que celui de me soumettre aux leurs, mais dans ces années avec vous, je voyais réellement un avenir simple se dessiner, un avenir qui aurait mis mes anciens préjugés et rêves au placard. Vous croyiez que je n'avais pas changé, que je restais la même: avec d'autres vues sur les hommes, avec d'autres vues sur le monde, désintéressée du moindre évènement mondial. Vous aviez raison sur tous ces points, mais pour moi, j'avais changé bien au-delà de tous ces détails. Quoi que vous me proposiez, quoi que nous puissions vivre ensemble dans un avenir difficile, loin de toute fastuosité, de tout rêve errant normalement dans l'esprit d'une petite fille ou d'une femme, je l'aurais accepté sans rechigner, sans me plaindre, voire même en appréciant cela plus que tout le reste, puisque j'étais à vos côtés. C'était le changement le plus important de ma vie, que vous remarquiez à peine.

Les années passaient, notre relation s'affermissait, elle devenait non pas sérieuse au sens où on l'entend étant enfant, mais elle se construisait de projets, d'actions, ayant pour effet de me conforter dans cette perspective: celle de passer le reste de mes jours avec vous. Encore une fois, passons outre le fait de multiples divergences d'opinion sur différentes situations, nous les avons vécues, et vaincues, avec le temps. Rien ne semblait obombrer cette vie multiple qu'il me semblait presque toucher du doigt. Tout se déroulait presque sans encombre, nous réalisions ce que nous voulions, nous nous rapprochions de plus en plus, jusqu'à vivre ensemble. Tout n'était pas parfait, mais le reste n'avait pas d'importance pour moi, tant que nous partagions la même chambre et le même lit la nuit. Malgré l'état actuel des choses, je dois reconnaitre que je n'ai jamais connu un tel amour, une telle paix, comparable à ces moments avec vous. J'aurais pu refuser de voir le monde entier, j'aurais été capable de n'importe quoi pour faire perdurer ce qui me sauvait des troubles de mon ancienne vie. J'étais heureuse, et ce au sens où j'entends ce terme : je vivais sans honte, sans remords, et sans regret. Je craignais parfois un arrêt trop brutal, une fin fatidique, tout me paraissait si parfait, que la justice divine devait bien reprendre ce qui lui appartenait de droit. Alors commença la rechute.

Il est trop aisé de vous accuser de tout, mais il m'est difficile d'admettre mon entière culpabilité vis à vis de cela. Les jours passaient, vous vous occupiez de moins en moins de moi, vous sembliez préoccupé, troublé constamment, et jamais vous ne fournissiez d'explication. Vous rentriez à trois heures du matin, sans que je ne sache où vous étiez, vous n'écoutiez jamais mes conseils, mes mots doux, mes plaintes, comme vous le faisiez auparavant. Je ne voulais en rien perturber le sentiment que j'éprouvais pour notre relation, alors je me suis tue, et je m'y suis soustraite. Les mois passaient et se ressemblaient davantage, oh bien sûr nous sortions, nous faisions l'amour, mais je n'étais pour vous qu'une femme, qu'un simple être pourvu d'un vagin et d'un don réconfortant. Vous disiez encore que vous me trouviez belle, mais dans vos yeux rayonnait une lueur autre que celle de l'amour aveugle. Vous étiez alors à mes yeux, un homme, et rien d'autre, cet homme que l'on rencontre dans la rue, dont on s'entiche un soir, mais une fois avoir couché avec lui, ne possède plus aucun intérêt. Vous étiez mon voisin, mon épicier, mon docteur, vous n'étiez personne. Cela n'avait aucun rapport avec votre travail, l'argent que vous rapportiez, mais uniquement avec qui vous étiez, spirituellement.

Nous en sommes ici aujourd'hui, à ne plus savoir quoi nous dire, à nous réconcilier en faisant l'amour. Nous ne nous affrontons même pas, vous êtes d'un passif à toute épreuve, quoi que je fasse, quoi que je dise, vous semblez distant, distrait, comme si vous en aimiez une autre. Vous voilà devenu l'antagoniste même de qui vous étiez, de la personne que j'aimais. Je

- Vous sombrez dans la nostalgie, arrêtez-vous là.

Si je comprends bien, je dois au moins vous expliquer pourquoi ou comment j'en suis arrivé là, les raisons, les causes, ce genre de choses. Ce serait long et coûteux, à tout vous dire, l'envie ne m'en prend pas, m'étendre sur des choses qui m'ont tellement attristé serait d'un misérabilisme pitoyable. Après quelques réflexions, j'ai vite trouvé ce qui a pu nous amener à en arriver là: notre manque commun pour comprendre l'autre. Vous voyiez en moi une solution, la perspective d'une vie meilleure, quand moi-même, de mon reflet je n'avais qu'une mauvaise opinion. Jamais vous n'avez explicitez ce que vous ressentiez, et là j'ose l'avouer, je trouvais ça d'une stupidité purement féminine. Vous me considériez comme un sauveur, je devais être là pour absoudre vos péchés et vous guider loin de la vallée d'ombre et de la mort semée d'embûches que fait surgir sans fin l'oeuvre du malin. Qui vous a dit que je voulais être ce sauveur? Vous avez gâchez nos plus beaux moments, nos premières années, ces instants de pure fantaisie, de pure naïveté, en m'imposant ce rôle, celui d'être un homme droit, sans reproche, sans doute, et vous vous réjouissiez de me voir chuter pour que je sois enfin votre égal. Vous vouliez de moi que je vous pardonne tout ce que vous aviez fait avant que nous nous connaissions, et j'ai réussi, presque aisément. Puis vous vouliez de moi que je vous pardonne tout ce que vous faisiez, cette souffrance que vous m'infligiez, en vous en rendant évidemment compte. J'ai dû passer outre, oublier, fermer les yeux, pour vous aimer. Je n'ai fait que cela toute ma vie, passer outre les reproches que vous me disiez, passer outre les défauts que vous me trouviez, passer outre les mensonges que vous profériez. Vous vouliez le paradis, en me faisant vivre l'enfer, vous vouliez la facilité, en m'obligeant la difficulté ; je me suis forcé à résister, à y croire, le plus longtemps que j'ai pu, puis j'ai abandonné. Jamais vous ne m'avez compris.

- Aujourd'hui, je vous comprends.

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Samedi 4 avril 2009 à 2:35

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Même si c'est impossible.

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On me reproche souvent de tenir des propos alambiqués, de ne pas être très clair, d'utiliser des mots assez obscurs qui permettent toutes les interprétations possibles. Je vais alors m'efforcer d'être le plus concis et le plus simple dans ce que je vais vous dire. Je vais éviter toute formule qui pourrait amener à des idées erronées sur ce que je souhaite affirmer, et ainsi tenter au mieux de retranscrire ce qui gît au fond de moi, autrement dit, mes sentiments à votre égard. Ne prenez pas cela comme une déclaration d'amour, ou comme toute autre adresse agréable, ce que je vais vous dire, je le dis égoïstement, c'est un désir que j'ai besoin d'assouvir aujourd'hui et surtout maintenant. Ecoutez-moi, taisez-vous, et tout ira pour le mieux.

Nous nous connaissons tous les deux depuis assez longtemps pour que j'ai oublié le jour de notre rencontre. Ne prenez pas ça mal, mais c'est vrai, je n'ai que très peu de souvenirs de nos premières discussions, de nos premiers échanges. Les seules réminiscences qui me viennent à l'esprit me mettent plutôt mal à l'aise: je me vois tenir des propos lourds de sens à votre égard, très équivoques, et presque grossiers. Je voyais en vous quelqu'un d'exceptionnel et l'affirmait haut et fort, je tentais  - à coup de compliments sur votre intelligence comme sur votre physique - de vous plaire. J'ai bien compris depuis que ce n'était en aucun cas le moyen pour y parvenir. C'aurait été trop simple, et si cela l'avait été, vous ne m'auriez pas obsédé comme ce le fût à l'époque, bien que j'étais encore jeune. Passons sur cette histoire, je déteste épiloguer sur des périodes qui n'ont en aucun cas à voir avec ce que je veux précisément dire.

Regardez-moi et regardez-vous, puis repensez à qui nous étions il y a de cela dix ans, à ce que nous faisions, à nos aspirations, notre volonté encore si jeune et j'irais jusqu'à dire naïve, sans pour autant la dénigrer. Elle était effectivement naïve, mais en rien dommageable ou ayant quoi que ce soit à lui reprocher. Nous vivions l'un séparé de l'autre, car nous ne nous connaissions qu'à peine, nous n'étions même pas des amis et tout juste des connaissances. Les années ont passé et nous nous sommes rapprochés, sans jamais devenir des amis intimes, mais en devenant tellement plus que cela. J'ai toujours eu la prétention inavouée de vous considérer comme quelqu'un d'à part entière ; ne prenez pas ça comme un compliment, ce n'en est pas un. Vous êtes pour moi, totalement à l'opposé du concept que je peux me faire d'une amie: en rien nous ne partageons les peines de l'autre, nous ne nous supportons jamais dans les moments difficiles, et les rares instants que nous daignons passer ensemble sont à mon avis, loin de tout plaisir extatique ou d'amusement dénué de tout but. Sentimentalement parlant, dans une sorte de vulgarisation de l'âme humaine, vous et moi ne sommes rien: ni amis, ni amants, ni amoureux. Nous nous connaissons et c'est déjà tant par rapport à beaucoup d'autres relations fondées sur le mensonge le plus total et sur la négation de soi-même.

L'unique éloge que je peux vous accorder n'est pas des moindres, elle est sûrement, dans toute mon existence, la plus sincère et la plus profonde qui soit. A vrai dire, le pourquoi de cet éloge, je dois le reconnaitre, je le perçois comme la seule chose agréable et monumentale que quiconque ai fait pour moi de manière désintéressée et parfois j'irais jusqu'à penser, fortuite. Je m'avance peut-être trop, je me perds sûrement dans des formules d'usage en vous disant que vous avez accompli un acte désintéressé qui sur le moment ne l'était pas, mais qu'importe, j'aime le percevoir ainsi. De me dire que vos mots ont été ceux de votre pensée, ceux qu'un homme, qu'un homme tel que moi attendait d'entendre. Je ne les espérais en rien, je ne les imaginait même pas, seulement, mon inconscient s'il existe, mon âme ou mon être, se devait de les entendre pour se révéler, se surpasser, et en arriver là où il en est.

Je ne peux pas me blâmer totalement et encore moins vous accorder toutes les causes de cette réussite, mais si je devais dresser à ma mort les statistiques des gens qui m'ont été bénéfiques, vous seriez en tête bien devant Nietzsche et d'autres philosophes. Vous pensez certainement que j'en fais trop, mais nous me connaissons, nous savons que c'est à mon habitude. Je trouve toujours qu'en faire trop vaut davantage à ne pas en faire assez, comme ça personne ne part sur sa faim, bien qu'il m'arrive de culpabiliser de m'être dévoilé mais ce n'est qu'une façade, après quelques réflexions je comprends aisément que tout ça n'était qu'un surplus, et que le vrai reste et restera tapis au fond. Je vais être net, évitons-nous ces alanguissement insupportables et mielleux qui caractérisent la plupart des éloges, ces faux-semblants qu'on diraient tout droit sortis d'une veillée funéraire pour que les vivants se souviennent du défunt comme d'un héros alors qu'il n'était qu'un ivrogne vulgaire et violent.

Soyons précis, je ne porte pour vous aucun amour, ni même ce qui peut s'en rapprocher de loin ou de près. Il m'est arrivé, de temps à autre, d'éprouver ce que tant d'autres caractériseraient par un sentiment amoureux, ou pire encore, une passion inavouée, mais je sais pertinemment que tout ça n'était que de l'estime à votre égard. C'est de cette estime que part mon éloge: j'ai rencontré dans ma vie de nombreuses femmes, et en plus de les rencontrer, j'ai eu parfois la chance, parfois le malheur, de les fréquenter. Que voulez-vous, je suis un homme, vous êtes une femme, et tous deux savons très bien ce que font habituellement les deux sexes quand la lumière est éteinte. D'ailleurs ce caractère presque animalier m'a toujours rebuté chez moi, et chez vous, il m'a davantage fait rire. Passons là-dessus et revenons à l'essentiel.

En étant tout à fait honnêtes avec nous-mêmes, nous savons très bien que malgré certaines illusions perdues, certains rêves d'adolescence bafoués, nous sommes restés les mêmes, rien en nous n'a fondamentalement changé. Vous comme moi, ne pouvons nier l'évidence: nous menons des vies qui ne sont pas à l'instar de celles que nous rêvions ensemble, et pour être tout à fait franc, elles sont presque celles dont nous nous moquions allègrement passé minuit. Nous voyons bien, mutuellement, dans le regard de l'autre une légère flamme s'allumer lorsque nous parlons de notre femme ou de notre mari respectif, cette flamme qui se consume en dépit de celle qui s'est éteinte pour la laisser vivre. Nous n'osons plus être ceux que nous étions, nous n'osons rêver à un autre monde, mais bien que mon caractère ai tendance à me porter sur l'auto-flagellation je dois reconnaitre que ce n'est en rien notre faute. N'épiloguons pas plus que cela, c'est mon point de vue et vous connaissant, je peux m'avancer sans trop de risque en disant que c'est aussi le votre.

Voyez où nous en sommes après tant de billevesées, pas plus avancés. Il serait bien trop simple de vous accorder la construction même de qui je suis devenu, ou bien d'être le point de départ qui m'a mené à ce chemin. Pour être le plus véridique possible, je dirais que vous avez su révéler en moi ce qui avait besoin d'être révélé, et ce non pas par un besoin naturel, physique ou psychologique, mais un besoin que je qualifierais de vital. Force est de reconnaitre que sans vous, il y a de grandes chances pour que je sois resté pendant longtemps si ce n'est pour toujours, celui que j'étais à notre rencontre. Vous êtes si ce n'est la cause, j'oserais vous qualifier au moins de déclencheur. Ainsi, je ne renie en aucun cas votre action mais limite comme il faut son importance. Le temps montrera ou non, l'effet négatif de la révélation que vous m'avez permit d'avoir. Pour l'instant, nous pouvons mais surtout vous pouvez, vous en félicitez, et ce j'espère, non pas à contre-coeur. Vous avez fait ce que des milliers d'autres rêvent en secret de faire à leur tour. Ensuite, de là à définir ce qui vous a poussé à faire cela, ou bien même ce qui vous a permit de le faire, là n'est pas mon rôle, c'est le votre, et je vous le laisse sans aucune rancune.

Nous savons comment sont les hommes et surtout les femmes: perfides, menteuses, et plus encore manipulatrices. Il m'est arrivé de penser que vous ne faisiez cela que pour arriver à vos fins, sans même savoir lesquelles, ou même, réussir à les imaginer. Il m'a bien fallu abandonner cette perspective, car de jour en jour je me révélais à moi-même comme aux autres et percevait cela comme une chose hautement bénéfique. Ce qui souvent l'emportait face à cette crainte que vous soyez une femme, était cette peur de prendre trop à coeur ce que vous disiez en plaisantant. Vous ne tarissiez pas d'éloges à mon égard, et même si effectivement avec le temps j'ai appris à les prendre au sérieux, il persistait toujours ce doute que certains d'entre eux n'étaient que des mots vagues, indiscernables d'une irréalité, d'un quasi mysticisme que vous portiez à l'homme parfait dont vous me parliez si souvent et auquel je voulais ressembler. Soyons définitifs, non pas pour vous plaire, mais car cette image m'attirait bien plus que toutes celles que j'avais pu me créer.

Vous étiez ma machine à rêves, et vous avez fait de moi, ce qu'aucune autre femme n'aurait pu accomplir.

- Vous êtes romantique quand vous avez bu.

"

J'ai abrégé, la fatigue sûrement.
Je m'étonne à faire ce qu'on aime de moi, remplaçant mes mots et mes idées par des choses un peu trop conventionnelles à mon goût.

Mais qui est l'arbitre des élégances?

Lundi 30 mars 2009 à 0:05

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Je...
Je dois vous dire toute la vérité.

Il est sûrement trop tard, ce n'est sûrement pas non plus le bon moment, mais il n'y a, jamais de bon moment pour cela, pour entendre ou dire ce genre de choses. Voilà presque vingt ans que nous sommes mariés, voilà plus de vingt ans que nous vivons ensemble, je pense aux enfants, je pense à la maison, à tout ce que nous avons bâtit ensemble. Seulement, aujourd'hui, qui n'est différent en rien des autres jours que nous avons pu vivre tous les deux, mais aujourd'hui je me dois et je vous dois de vous avouer quelque chose. Ecoutez-moi attentivement, ne m'interrompez pas, et tentez de me comprendre. Je vous aime, du fond du coeur, je vous aime comme n'importe quelle femme peut aimer un homme, cependant je pense qu'il est nécessaire de reconnaitre une évidence qui me pèse depuis bientôt trop longtemps.

Il y a longtemps, à une époque où on ne se connaissait pas encore, j'ai rencontré un jeune homme, je ne vous en ai jamais parlé. Je vous ai décrit rapidement les histoires que j'ai pu avoir précédemment, mais là, il n'y en a jamais eu, c'est assez différent. Ce jeune homme était un ami, quelqu'un de proche, sans pour autant être présent continuellement, nous nous voyons de temps à autre, comme le font les amis à vrai dire. Aussi loin et aussi bien que je m'en souvienne, il n'était pas laid, mais en rien attirant ou même beau garçon. Nous parlions, nous rigolions, comme le font les amis, tant bien que mal, pour passer le temps. Nous avons passé plusieurs années à nous fréquenter, sans que jamais rien ne se passe de physique entre nous ; ce n'était en rien une relation platonique, ou une relation sous n'importe quel sens du terme, jamais il n'y eu d'ambiguïtés entre nous.

Ce jeune homme avec les années, commença à devenir un homme, à se bâtir, à faire de l'enfant qu'il était, un être exceptionnel, un être hors du commun, comme je pense, il n'est donné d'en rencontrer qu'une fois dans sa vie. Il n'est en rien devenu un idéal masculin, il n'avait rien chez lui qui pouvait caractériser un quelconque avantage face aux autres, à vrai dire il était loin de tout stéréotype. Plus il murissait, plus il grandissait, plus son être s'emplissait d'une pensée, d'une connaissance, et d'une imagination à toute épreuve. Je ne nie en rien, qu'à l'époque, lorsqu'on se voyait, il laissait en moi ce sentiment si étrange d'inaccompli, d'inachevé, comme si je n'avais pas pu retirer de lui tout ce que je désirais, tout ce qu'il pouvait m'apprendre. A mes yeux, il était de loin supérieur à tous les autres, il n'existait dans mon entourage personne de comparable à lui. Ce que je veux essayer de vous faire comprendre, ce n'est pas qu'il excellait dans quoi que ce soit, c'est qu'il avait, qu'il était différent d'une normalité banale, d'une compétition d'être. Il y avait lui, et personne d'autre dans sa catégorie.

Puis je vous ai rencontré, je m'en souviens très bien, même si les années ont passé depuis ce soir là. Je venais de le voir dans la journée, nous avions parlé de tout et de rien, j'étais encore frustrée de n'avoir pu retirer de lui qu'un minuscule monceau de vérité, car avec la hauteur qu'il prenait, il se renfermait, ne parlait presque plus qu'à lui-même. C'était ce soir d'été, en juin, je vous ai vu et vous ai tout de suite trouvé charmant, attirant, avec ce petit plus qui vous différencie tellement. Vous parliez avec beaucoup d'aisance, vous vantiez vos mérites à cette blonde qui vous dévorait des yeux et qui n'aurait fait qu'une bouchée de vous. C'est moi que vous avez raccompagnée le soir, et je ne savais que faire, vous demander de monter, et ainsi prendre le risque que vous me voyiez comme une fille que je ne suis pas, ou vous congédier et vous vexer. C'est en vous regardant que j'ai compris que vous ne tenteriez rien, que vous seriez, comme vous êtes toujours, cet homme distingué, sur de lui, qui sait qu'il plait, et n'en profite qu'un peu. Vous étiez beau, vous étiez intelligent, vous étiez riche, vous aviez tout pour vous ; le mari parfait, le gendre idéal, les femmes du monde entier voulaient se marier avec vous.

Cette nuit là je n'ai pas dormi, j'ai pris conscience pendant la nuit de l'importance de cette journée dans ma vie. Vous représentiez la voie à suivre, la perfection et le bonheur, les matins tranquilles, les week-end en famille, les nombreux enfants, la grande maison. Je savais que je pouvais vous faire confiance, que vous ne seriez jamais cet homme débordé de travail, qui rentre tard, malpoli, à tout vous avouer, vous étiez pour moi l'homme parfait, presque irréel, attentionné et ferme, sérieux et plaisantin, capable de tout et gardant un côté enfantin. Vous étiez un rêve, le rêve de toutes les femmes, et c'était sur moi, que vous aviez arrêté votre choix. Moi pauvre sotte qui vous regardait les yeux brillants chaque soir, parler de vos projets, parler de vos espoirs, vous me faisiez rêver comme les livres que pouvait me lire ma mère. Le moindre de vos défauts devenait l'exception qui confirme la règle, vous étiez un homme, assurément, mais un homme totalement parfait pour moi. J'ai longtemps redouté cette période où vous ne m'aimeriez plus, où je vous ennuierais, moi pauvre sotte face à vous. Fidèle à moi comme à vous même, vous m'avez aimé davantage de jour en jour, vous me faisiez des surprises et vous continuez, vous êtes à mon regard, tout ce qu'une femme peut désirer d'un homme.

Mais lui, lui c'est différent.
Oh bien sûr que c'est un homme, mais pas un homme tel qu'on le conçoit, tel qu'on le connait. Il n'est pas non plus le stéréotype du bohème qui voyage et pense par lui-même, car nous savons tous les deux que ce genre de personnes sont détestables. Il n'avait rien et pourtant tout pour lui. Il ne plaisait à aucune femme, car elles ne pouvaient soit le comprendre, soit le percevoir réellement, sur cette hauteur d'où ils nous observe tous, tellement haut et tellement loin qu'on en viendrait à croire qu'il n'existe pas. Certaines prenaient ça pour de la vantardise, de l'égocentrisme, mais en lui résidait tout cet éloignement, il semblait venir d'un mythe, irréel et expliquant la cause de nombreuses choses. Je le voyais évoluer, gravir année après année les échelons qui le mèneraient bien plus haut que la moyenne des hommes. Il était au-dessus, au-dessus de tout, bien au-dessus de moi-même, et à trop regarder vers le haut parfois il m'arrivait de perdre le sens de l'équilibre et de ne plus rien comprendre. Beaucoup de gens me disaient qu'il n'était rien d'autre qu'un intellectuel, un homme qui se croyait supérieur aux autres. D'autres le voyait comme moi, de façon moindre, mais dans la même perspective: il était cet homme dépassé par tout ce qu'il entourait, et surtout par lui-même. L'étendue infinie de son âme, de son être, était bien au-delà de toutes les autres. Il surplombait la vie comme le font les oiseaux en plein vol, il planait et voyait le monde dans son ensemble, il disait qu'il fallait comprendre les choses, les gens, dans leur ensemble, percevoir que notre vie n'était pas une unité parmi des milliards d'autres unité, mais belle et bien une unité parmi un groupe composé de milliard d'unités. C'était ça, c'était l'unicité même, il avait les mots que personne d'autre n'avait.

On me disait souvent que j'étais folle, qu'il n'existait personne de comparable à ce que je racontais. C'était la vérité, il n'existait personne de comparable. Evidemment qu'il existe dans le monde d'autres hommes tel que lui, mais dans mon entourage, aussi éloigné puisse-t-il être, je n'ai jamais entendu quelqu'un utiliser les mots que j'utilise aujourd'hui pour vous le décrire. J'ai souvent entendu dire d'un homme qu'il était beau, intelligent, très attentionné, à l'écoute, toutes ces qualités qui vous constituent, qui font de vous un père et un époux modèle, qui font de vous le seul homme que j'ai véritablement aimé dans ma vie. Il n'y a rien de comparable entre vous et lui: jamais je n'aurais pu vivre avec le poids de son être sur mes épaules, jamais je n'aurais pu supporter son amour si lourd, imposant, incroyable puisse-t-il être ou puisse-je l'imaginer. Je vous ai aimé dès le premier jour, et ce jusqu'au dernier. Vous êtes l'homme de ma vie, et ça rien n'y personne, même pas lui ne pourra y changer.

Je voudrais que vous compreniez tout ce que j'essaye de vous dire: j'ai revu cet homme il y a de ça deux ans. Nous nous sommes croisés par hasard, nous avons déjeuné ensemble. Il ne s'était pas embelli, il avait mal vieilli, il menait une vie difficile sous tous les rapports, rien ne semblait aller dans le peu d'histoires qu'il avait pu me raconter. Il n'était pas marié, n'avait pas de famille, de travail stable, il avait connu des femmes, qui l'aimaient, sans qu'il ne trouve jamais celle qui lui correspondait vraiment. Nous nous sommes souvenus de nos moments amicaux, comme le font deux vieilles connaissances sans jamais se rappeler évidemment. Il était devant moi, me racontait le tour du monde qu'il avait fait, toutes ses anecdotes, il oubliait le prénom des femmes, des endroits, mais rien n'importait pour lui. Il était toujours le même, l'oiseau qui s'envole de plus en plus haut en battant des ailes, qui s'éloigne de la Terre pour mieux observer, apprécier, et l'oiseau qui tombe en piqué, qui perce à jour votre être, qui vous êtes, ce que vous faites, ce que vous pensez, et ce, en une minute. Il était le même, il était cet homme sur des hauteurs tellement lointaines ce jour là, que j'avais l'impression de ne le comprendre qu'à moitié tellement son esprit fourmillait d'idées qui semblaient me dépasser.

Je suis rentré ce soir là à la maison, pensant qu'à votre simple vue, je m'effondrerai en larmes, vous avouant toute la vérité, mais bien au contraire. Je vous ai vu, et j'ai compris que c'est vous que j'aimais, que vous étiez l'unique homme de ma vie. Nous étions à table, nous mangions, je regardais les enfants, je vous regardais, et je voyais là, la vie telle qu'elle pouvait être dans ma plus merveilleuse idée.

Si ce soir j'ai décidé de vous raconter tout cela, c'est parce que par moments, lorsque je repense à lui, malgré le temps qui a passé, malgré mon amour pour vous et les enfants, à ce déjeuner il y a quelques années, lorsque je l'écoutais, j'ai culpabilisé, un instant, mais un de ces instants si longs et si intenses qu'ils marquent une vie à tout jamais. J'ai culpabilisé de mener ma vie, de vivre heureuse, de vivre dans cette simplicité d'être, de vivre ce que j'aimais vivre, d'être aujourd'hui, comblée, amoureuse, mère de famille, et une épouse qui ne désire rien d'autre que du temps avec son mari. J'ai mis des années avant de comprendre les derniers mots qu'il m'a dit avant de partir: "Ne vous inquiétez pas, je ne vous en veux pas." Il m'a sourit, sincèrement, avec dans ce regard une sorte de compréhension, et d'attachement qui montrait qu'après des années il avait toujours gardé un souvenir de moi. J'ai mis des années à comprendre qu'il parlait de ma vie, de qui j'étais à une autre époque et de qui j'étais précisément aujourd'hui.

C'est ce moment de culpabilité envers moi-même et envers vous que je vous avoue ce soir, ce soir autant qu'un autre, car cela n'aurait rien changé. Ce n'est pas votre réaction, les conséquences que je craignais, juste mon jugement vis à vis de moi-même. Il m'a fallu deux ans pour réaliser, jour après jour, à quel point ma vie me convenait, combien je vous aimais, la grandeur et l'intensité de mon bonheur avec vous.

- Moi non plus, je ne vous en veux pas.

"

Mardi 10 février 2009 à 13:54

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Il y a des phrases que l'on répète dans tous genres de situations, sans en saisir le sens ou sans y croire: "nous sommes tous identiques" en fait partie. Vous, vous lui donnez un sens, et même une conséquence. Il n'y a en vous rien de réellement exceptionnel, excusez-moi, mais vous n'avez rien accompli de grandiose ou du moins dont l'effet soit mondial.  Ce n'est pas uniquement physique, car vous comme moi, nous savons que la Terre est peuplée de milliers de personnes plus belles que nous.

Je crois, pour ma part, que c'est votre regard et votre manière de penser qui diffère tellement qu'elle peut être perçue comme condescendante ou égocentrique. Vous connaissez ceux que vous venez à peine de rencontrer, vous lisez sur leur visage ou dans leurs phrases, une vérité cachée, ce qui les constitue essentiellement. Quand vous fréquentez ces personnes depuis plus longtemps, vous êtes capables de transcrire au son de leur voix, aux mots qu'ils utilisent, et même jusqu'aux expressions de leur visage, ce qu'ils ressentent: c'est une damnation, c'est un don, quoi que ce puisse être, je ne le désire en aucun cas.

Vous en doutez encore, je le sais, parfois vous prenez vos idées ou vos appréhension pour de la paranoïa, bien que jamais vous n'ayez eu tort. Certains me contrediraient, prenant leur cas comme exemple mais ils ne comprennent pas que vous infligez cet interrogatoire uniquement aux gens que vous aimez. Vous vous en empêchez parfois, à tort ou à raison.

C'est pour ça que je ne peux pas vous aimer, vous me percez à jour, vous connaissez mes pensées, mes mots, avant de les savoir moi-même. Je n'aime pas jouer à qui mentira le mieux, car au fond, vous garderez vos peines comme trophées, placées judicieusement à côté des vérités que je n'ose vous avouer. Je ne veux pas que mon esprit me persécute, qui continuellement tentera de faire barrage au votre pour que vous ne découvriez pas toute la vérité. Se battre contre soi-même n'est pas de l'amour, il ne doit pas y avoir de résistance, ou un nuage qui assombrit des regards auparavant joviaux et sereins.

A l'instar de ces enfants qui luttent pour rester fidèles à leur premier amour, et finalement chutent sans raison, ou pour de mauvaises. L'amour persuade, annihile, il détruit bien plus qu'il construit, et vous arrachez à toute cette sérénité la part de secret avec laquelle nous pouvons jouer, nous distraire de nos peines. Il nous est impossible de ne pas vous concéder la vérité, seulement nous mentons quand nous jugeons qu'elle sera à l'origine d'un plus grand mal que d'un bien, et si vous le saisissez, vous n'avez que faire des blessures que cela vous infligera. Vous êtes dans une perpétuelle quête de la vérité, de la connaissance de l'autre, ainsi vous gâchez, vous spoliez tous les possibilités d'une relation durable. Je pourrais parier que vous préféreriez détruire votre vie pour une parcelle de vérité, au lieu de sauvegarder ce qui est à l'origine de votre bonheur.

Aujourd'hui tout a un prix, et tout se paye, vous comme moi nous le savons. Il faudrait que vous compreniez que le prix d'une vérité est parfois trop élevé pour ce qu'on en retire. La torture de l'esprit par des images, les mêmes reviennent inlassablement, tout ça pour un tissu de mensonges empreint d'une touche de vérité. Cela aussi vous le savez, même lorsque je peux concevoir à reconnaitre une vérité douloureuse, j'ai tendance à n'admettre qu'à moitié, ou à cacher.

- Je trouve ça très excitant quand vous me vouvoyez.
"

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