Dimanche 10 janvier 2010 à 21:40

Je n'ai jamais été un homme, pas même l'ombre d'un homme. Je n'ai jamais eu le comportement, les pensées, les agissements d'un homme. Non seulement parce que trop souvent je suis maniéré tel un enfant ou une femme, mais surtout dans tous ces clichés qui constituent l'homme, qu'il soit moderne, moyen-âgeux, antique. Aucune action, pensée, ne fait de moi un membre à part entière de l'ethnie masculine si ce n'est un goût prononcé pour le sexe. Je n'ai ni courage, ni détermination, ni charisme.
Je suis une de ces poupées de chiffon, malléables, je suis l'infante qui aime sa tour d'ivoire.

Je n'ai jamais pris de photos de moi, car comme ces anciennes tribus indiennes, j'ai toujours eu peur qu'on vole mon âme, qu'on brule mon portrait, ou qu'on pleure dessus. Parfois je cède - trop souvent - par amour. Je vois le bonheur des couples, cette union, cette fusion sur les clichés. Ces mensonges véridiques, cette seconde trop éclairée où aujourd'hui plus rien ne subsiste.

Je n'ai jamais été capable d'écrire un roman, un livre digne de ce nom. J'en ai eu l'occasion à plusieurs moments de ma vie, mais plus maintenant. Les bons livres comme les bons écrivains sont ceux qui racontent une histoire, et pas celle de l'auteur. Lorsque les journalistes écrivent : " c'est un roman personnel, le personnage principal est un peu votre double " peu importe l'auteur, il est inévitable que le livre soit sans intérêt. Les hommes et les femmes qui ne peuvent créer un héros, qui font de leur histoire une autre histoire ne connaissent rien à la littérature. Raconter son histoire, dans une fiction, dénote un manque de courage et d'inspiration grandiose. Ils enchainent ces clichés  sur l'âme humaine, ponctuant ici et là leur récit de phrases bien tournées qui plaisent au lecteur. J'ai toujours écrit mon histoire, mes pensées, de manière plus ou moins fictionnelle. Désormais je n'ai plus d'histoire, je n'ai donc plus rien à raconter. Je me regarde vivre patiemment, parfois à attendre l'inévitable, parfois à redouter le changement.

 J'ai le sentiment d'avoir perdu, oublié quelque part ce bonheur de l'art, de vivre et d'écrire. Tout ça a disparu comme un mari qui part à la guerre: sans vraiment prévenir, en doutant d'un retour possible.

Je laisse tout le reste à la chance.

Je périrais comme je suis né
Des cendres à descendre.



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