Mercredi 11 novembre 2009 à 23:09

Il existe un temps, une durée, qui se compte en années en mois voire en jour dans la vie d'un homme comme d'une femme, où l'innocence est encore maîtresse de l'âme. Lorsque rien n'entache les pensées, le corps, que la perfection n'existe pas, tout comme l'abominable ; tout survit et tout espère, tout est possible et rien ne souffre. Cette absence de conscience de la réalité est artistique, moderne, figurative. Elle n'est pas même une représentation, pas même un point de vue, simplement un manque, une méconnaissance, qui transforme la perception en miroir magique. Plus longtemps durera cette période, plus difficile sera l'accès à la réalité: c'est une confrontation dont l'adversaire est indestructible. Notre ami n'a aucun poids, et à mesure que les minutes défilent, disparait.
Nous perdons alors cette partie qui constituait essentiellement notre âme, ce morceau se détache, et s'évanouit dans le passé. Ce n'est pas une perte importante, cependant peu de gens arrivent à concevoir que garder son regard d'enfant, c'est continuer dans le mensonge. Nous rêvons de mensonges, nous mentons sur nos rêves. L'avenir n'a pas de face, l'avenir n'a pas de nom, l'avenir n'a pas d'enfant.

Nous espérons que notre futur sera meilleur, que notre existence trouvera un sens, un sens que parfois d'autres lui donnent. Un partenaire, un ami, un parent, un amant. Il lui fournit les raisons suffisantes, lui raconte les possibilités infinies qui s'annoncent: du bonheur extrême, à la concrétisation de nos rêves. Cependant, le probable suffit rarement à convaincre, et de manière tout aussi possible, elle pourrait bien se perdre à jamais, divaguant et zigzaguant cherchant dans quelle direction aller. Il n'y a pas de bons chemins, il en existe des droits et des verticaux, certains de traverse, d'autres accidentés, mais pas un seul bon. Elle poursuit toujours une route au hasard, reconduite parfois, vers des sentiers aux paysages plus ou moins rassurants.

Ici rien n'existe,
Pas de pistes.

Être reine être roi
S'endormir près des bois.

Si l'avenir résiste,
Qu'il croit
En toi
Sans être triste:

Si l'avenir persiste,
Qu'il voit
En toi
Un être triste,

Rien n'existera
Rien ou parfois.
Abandonne
Ce qui te façonne.



Dimanche 8 novembre 2009 à 15:46

"
- J'ai un problème au niveau du cœur, et de la tête, l'un bat trop fort et l'autre ne fonctionne pas assez vite.


- Laissez moi ausculter ça.

Rentrant dans un vaisseau, passant sous le rayon rétrécisseur, la jeune infirmière s'infiltra dans la patiente pour observer de plus prêt tout ce qui s'y passait. Elle passa la trachée, puis par un tour de magie digne du troisième millénaire où cette histoire se déroule, arriva dans le cœur. Elle mit un pied à corps et prenant inconsciemment la voix de la patiente, elle s'exclama:

Je n'avais pas le souvenir d'avoir tous ces portraits, les avais je caché? Pourquoi tant d'images, pourquoi tant de souvenirs malheureusement enfouis. La séparation n'a pas su tout effacer. Qu'arrive t-il a me tête? Pourquoi rien ne passe, pourquoi rien ne se transmet, qui bloque le réseau? qui bloque le réseau? Personne, juste mon imagination.
Caché dans mon cœur.

Placardé partout sur l'aorte, le portait reconnaissable d'un homme: celui qui occupait son esprit et qui le faisait ralentir. Elle parcourait les veines et les capillaires, et partout des images, des souvenirs s'étaient incrustés dans chaque atome de sa peau.

Son corps était devenu un mausolée, un temple profane dont les icônes recouvrait la moindre parcelle des parois. Tout entier consacré à un être, une image, des instants disparus dont la commémoration ravivait une flamme et un bonheur unique. L'unique alternative qu'a trouvé son corps pour échapper à la douleur.

Cette femme était malade.

Stop.

"

Samedi 7 novembre 2009 à 13:26

Mordre la lèvre. Détourner le regard à gauche. Passer la main dans les cheveux. S'étirer. Sourire. Avoir un ton plus aigu. Frotter son nez. Respirer. Ecrire. Supprimer. Effacer. Oublier. Inventer. Détourner. Réhabiliter. Trouver. Trouver vite. Sans raison. Sans idée. Sans savoir. Fabuler. Ouvrir les yeux. Regarder le sol. Tordre ses mains. Répéter. Répéter répéter. Retourner. S'arrêter.

Et la vie dans tout ça.
La vie partielle.
La vie est belle dit-il en toussant.

Mardi 3 novembre 2009 à 16:39

http://cestpasmafaute.cowblog.fr/images/FlorenceTheMachinenme.jpg

J'ai un nouveau cahier, à petits carreaux, mon écriture devient de plus en plus illisible. Personne ne pourrait me relire.

"

Ma vie n'a plus d'arrêt, je m'évanoui souvent ces derniers temps. Je crois que c'est à cause de lui. Il n'y peut rien, nous n'avons pas même fait les présentations.

Amour avec préméditation.
La vie passe en train.

Mon ex-femme se maquille toujours lorsqu'elle vient me voir. Je me demande si c'est pour me plaire ou simplement parce qu'après avoir déposé nos deux filles elle va voir un autre homme. Il y a bien longtemps que j'ai arrêté de me raser à sa venue, voir même de m'habiller. Son regard accusateur me fait me demander parfois si je suis un bon père. Je sais que je pas un mauvais, mais cela ne suffit pas pour être satisfaisant. Je vois les femmes qu'elles deviennent, et je les vois devenir mon ex-femme. Je les aime et les déteste comme j'ai pu l'aimer et la haïr à la fois. Le futur est derrière moi, il ne me reste plus que le passé à revivre dans les années qu'il me restent. Bientôt elles ne viendront plus à la maison, elles vivront seule, en couple ou ensemble. Mes week-end seront tous les mêmes: s'attabler dans un petit restaurant assez chic, repérer une femme seule, lui offrir, un, deux, puis trois verres, vivre l'amour d'une nuit, d'une minute, satisfaire un désir insatiable et oppressant, enfin rentrer chez moi et ne pas dormir. Aucune femme ne n'a refusé un verre, ni même que je la raccompagne, et encore moins que je couche avec elle. Certaines m'emmenaient dans leur appartement, me deshabillaient et me suçaient dans la chambre de leur petite fille, entre les barbies et les polly pocket. Je leur faisais l'amour sous le regard fixe et débiles de stars en poster.

Ce sont toujours les mêmes femmes, mariées, mère, qui se perdent, se vendent, une nuit pour exister. Sans intégrité, sans valeur ni dignité. Elles souillent un espace encore pur, pour la première, pour la millième fois. Ces nuits d'absence, d'oubli, sans lien ni passé, ni futur. Je ne sais pas encore ce qui m'a conduit à en arriver là. Je pourrais tout aussi bien refonder une famille, rajouter à mon entourage des enfants et une ex-femme, mais le désir que je vivais à l'époque n'est aujourd'hui plus qu'une nécessité pour ne pas mourir seul. Je crois encore en l'amour mais je ne crois plus en les femmes: jouets devenues joueuses, esclaves prétendant à tous les maitres, elles deviennent des hommes sans intérêt.

La maison est vide, en ce samedi soir, pour la première fois depuis des années. Je regarde la télévision, songeant à en racheter une et à l'allumer dans la soirée. Je me fais livrer des plats chinois, ne voulant pas perdre du temps à faire la cuisine et la vaisselle. Je bois une bière allégée pour que mon ventre reste plat malgré mes 44 ans. Je crois que le temps m'a finalement rattrapé.

J'essaye de deviner leur réaction.
C'est alors ça ma dernière pensée, elle s'adresse à elles, toutes celles que j'ai aimée, qui m'ont connu. Qui sauront tôt ou tard la nouvelle.
J'ai préférée samedi soir pour que ce soit la voisine qui me voit en premier.
Ma vie ne défile pas devant mes yeux, j'arrive encore à penser.
Pas de lumière blanche à l'horizon, ni grand soulagement.
J'entends mon coeur battre près de mes oreilles.
J'aurais voulu connaitre la vérité, la beauté, la perfection.
Parfois je
"

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