Lundi 30 mars 2009 à 0:05

http://cestpasmafaute.cowblog.fr/images/c7wJyfXs14j5.jpg"
Je...
Je dois vous dire toute la vérité.

Il est sûrement trop tard, ce n'est sûrement pas non plus le bon moment, mais il n'y a, jamais de bon moment pour cela, pour entendre ou dire ce genre de choses. Voilà presque vingt ans que nous sommes mariés, voilà plus de vingt ans que nous vivons ensemble, je pense aux enfants, je pense à la maison, à tout ce que nous avons bâtit ensemble. Seulement, aujourd'hui, qui n'est différent en rien des autres jours que nous avons pu vivre tous les deux, mais aujourd'hui je me dois et je vous dois de vous avouer quelque chose. Ecoutez-moi attentivement, ne m'interrompez pas, et tentez de me comprendre. Je vous aime, du fond du coeur, je vous aime comme n'importe quelle femme peut aimer un homme, cependant je pense qu'il est nécessaire de reconnaitre une évidence qui me pèse depuis bientôt trop longtemps.

Il y a longtemps, à une époque où on ne se connaissait pas encore, j'ai rencontré un jeune homme, je ne vous en ai jamais parlé. Je vous ai décrit rapidement les histoires que j'ai pu avoir précédemment, mais là, il n'y en a jamais eu, c'est assez différent. Ce jeune homme était un ami, quelqu'un de proche, sans pour autant être présent continuellement, nous nous voyons de temps à autre, comme le font les amis à vrai dire. Aussi loin et aussi bien que je m'en souvienne, il n'était pas laid, mais en rien attirant ou même beau garçon. Nous parlions, nous rigolions, comme le font les amis, tant bien que mal, pour passer le temps. Nous avons passé plusieurs années à nous fréquenter, sans que jamais rien ne se passe de physique entre nous ; ce n'était en rien une relation platonique, ou une relation sous n'importe quel sens du terme, jamais il n'y eu d'ambiguïtés entre nous.

Ce jeune homme avec les années, commença à devenir un homme, à se bâtir, à faire de l'enfant qu'il était, un être exceptionnel, un être hors du commun, comme je pense, il n'est donné d'en rencontrer qu'une fois dans sa vie. Il n'est en rien devenu un idéal masculin, il n'avait rien chez lui qui pouvait caractériser un quelconque avantage face aux autres, à vrai dire il était loin de tout stéréotype. Plus il murissait, plus il grandissait, plus son être s'emplissait d'une pensée, d'une connaissance, et d'une imagination à toute épreuve. Je ne nie en rien, qu'à l'époque, lorsqu'on se voyait, il laissait en moi ce sentiment si étrange d'inaccompli, d'inachevé, comme si je n'avais pas pu retirer de lui tout ce que je désirais, tout ce qu'il pouvait m'apprendre. A mes yeux, il était de loin supérieur à tous les autres, il n'existait dans mon entourage personne de comparable à lui. Ce que je veux essayer de vous faire comprendre, ce n'est pas qu'il excellait dans quoi que ce soit, c'est qu'il avait, qu'il était différent d'une normalité banale, d'une compétition d'être. Il y avait lui, et personne d'autre dans sa catégorie.

Puis je vous ai rencontré, je m'en souviens très bien, même si les années ont passé depuis ce soir là. Je venais de le voir dans la journée, nous avions parlé de tout et de rien, j'étais encore frustrée de n'avoir pu retirer de lui qu'un minuscule monceau de vérité, car avec la hauteur qu'il prenait, il se renfermait, ne parlait presque plus qu'à lui-même. C'était ce soir d'été, en juin, je vous ai vu et vous ai tout de suite trouvé charmant, attirant, avec ce petit plus qui vous différencie tellement. Vous parliez avec beaucoup d'aisance, vous vantiez vos mérites à cette blonde qui vous dévorait des yeux et qui n'aurait fait qu'une bouchée de vous. C'est moi que vous avez raccompagnée le soir, et je ne savais que faire, vous demander de monter, et ainsi prendre le risque que vous me voyiez comme une fille que je ne suis pas, ou vous congédier et vous vexer. C'est en vous regardant que j'ai compris que vous ne tenteriez rien, que vous seriez, comme vous êtes toujours, cet homme distingué, sur de lui, qui sait qu'il plait, et n'en profite qu'un peu. Vous étiez beau, vous étiez intelligent, vous étiez riche, vous aviez tout pour vous ; le mari parfait, le gendre idéal, les femmes du monde entier voulaient se marier avec vous.

Cette nuit là je n'ai pas dormi, j'ai pris conscience pendant la nuit de l'importance de cette journée dans ma vie. Vous représentiez la voie à suivre, la perfection et le bonheur, les matins tranquilles, les week-end en famille, les nombreux enfants, la grande maison. Je savais que je pouvais vous faire confiance, que vous ne seriez jamais cet homme débordé de travail, qui rentre tard, malpoli, à tout vous avouer, vous étiez pour moi l'homme parfait, presque irréel, attentionné et ferme, sérieux et plaisantin, capable de tout et gardant un côté enfantin. Vous étiez un rêve, le rêve de toutes les femmes, et c'était sur moi, que vous aviez arrêté votre choix. Moi pauvre sotte qui vous regardait les yeux brillants chaque soir, parler de vos projets, parler de vos espoirs, vous me faisiez rêver comme les livres que pouvait me lire ma mère. Le moindre de vos défauts devenait l'exception qui confirme la règle, vous étiez un homme, assurément, mais un homme totalement parfait pour moi. J'ai longtemps redouté cette période où vous ne m'aimeriez plus, où je vous ennuierais, moi pauvre sotte face à vous. Fidèle à moi comme à vous même, vous m'avez aimé davantage de jour en jour, vous me faisiez des surprises et vous continuez, vous êtes à mon regard, tout ce qu'une femme peut désirer d'un homme.

Mais lui, lui c'est différent.
Oh bien sûr que c'est un homme, mais pas un homme tel qu'on le conçoit, tel qu'on le connait. Il n'est pas non plus le stéréotype du bohème qui voyage et pense par lui-même, car nous savons tous les deux que ce genre de personnes sont détestables. Il n'avait rien et pourtant tout pour lui. Il ne plaisait à aucune femme, car elles ne pouvaient soit le comprendre, soit le percevoir réellement, sur cette hauteur d'où ils nous observe tous, tellement haut et tellement loin qu'on en viendrait à croire qu'il n'existe pas. Certaines prenaient ça pour de la vantardise, de l'égocentrisme, mais en lui résidait tout cet éloignement, il semblait venir d'un mythe, irréel et expliquant la cause de nombreuses choses. Je le voyais évoluer, gravir année après année les échelons qui le mèneraient bien plus haut que la moyenne des hommes. Il était au-dessus, au-dessus de tout, bien au-dessus de moi-même, et à trop regarder vers le haut parfois il m'arrivait de perdre le sens de l'équilibre et de ne plus rien comprendre. Beaucoup de gens me disaient qu'il n'était rien d'autre qu'un intellectuel, un homme qui se croyait supérieur aux autres. D'autres le voyait comme moi, de façon moindre, mais dans la même perspective: il était cet homme dépassé par tout ce qu'il entourait, et surtout par lui-même. L'étendue infinie de son âme, de son être, était bien au-delà de toutes les autres. Il surplombait la vie comme le font les oiseaux en plein vol, il planait et voyait le monde dans son ensemble, il disait qu'il fallait comprendre les choses, les gens, dans leur ensemble, percevoir que notre vie n'était pas une unité parmi des milliards d'autres unité, mais belle et bien une unité parmi un groupe composé de milliard d'unités. C'était ça, c'était l'unicité même, il avait les mots que personne d'autre n'avait.

On me disait souvent que j'étais folle, qu'il n'existait personne de comparable à ce que je racontais. C'était la vérité, il n'existait personne de comparable. Evidemment qu'il existe dans le monde d'autres hommes tel que lui, mais dans mon entourage, aussi éloigné puisse-t-il être, je n'ai jamais entendu quelqu'un utiliser les mots que j'utilise aujourd'hui pour vous le décrire. J'ai souvent entendu dire d'un homme qu'il était beau, intelligent, très attentionné, à l'écoute, toutes ces qualités qui vous constituent, qui font de vous un père et un époux modèle, qui font de vous le seul homme que j'ai véritablement aimé dans ma vie. Il n'y a rien de comparable entre vous et lui: jamais je n'aurais pu vivre avec le poids de son être sur mes épaules, jamais je n'aurais pu supporter son amour si lourd, imposant, incroyable puisse-t-il être ou puisse-je l'imaginer. Je vous ai aimé dès le premier jour, et ce jusqu'au dernier. Vous êtes l'homme de ma vie, et ça rien n'y personne, même pas lui ne pourra y changer.

Je voudrais que vous compreniez tout ce que j'essaye de vous dire: j'ai revu cet homme il y a de ça deux ans. Nous nous sommes croisés par hasard, nous avons déjeuné ensemble. Il ne s'était pas embelli, il avait mal vieilli, il menait une vie difficile sous tous les rapports, rien ne semblait aller dans le peu d'histoires qu'il avait pu me raconter. Il n'était pas marié, n'avait pas de famille, de travail stable, il avait connu des femmes, qui l'aimaient, sans qu'il ne trouve jamais celle qui lui correspondait vraiment. Nous nous sommes souvenus de nos moments amicaux, comme le font deux vieilles connaissances sans jamais se rappeler évidemment. Il était devant moi, me racontait le tour du monde qu'il avait fait, toutes ses anecdotes, il oubliait le prénom des femmes, des endroits, mais rien n'importait pour lui. Il était toujours le même, l'oiseau qui s'envole de plus en plus haut en battant des ailes, qui s'éloigne de la Terre pour mieux observer, apprécier, et l'oiseau qui tombe en piqué, qui perce à jour votre être, qui vous êtes, ce que vous faites, ce que vous pensez, et ce, en une minute. Il était le même, il était cet homme sur des hauteurs tellement lointaines ce jour là, que j'avais l'impression de ne le comprendre qu'à moitié tellement son esprit fourmillait d'idées qui semblaient me dépasser.

Je suis rentré ce soir là à la maison, pensant qu'à votre simple vue, je m'effondrerai en larmes, vous avouant toute la vérité, mais bien au contraire. Je vous ai vu, et j'ai compris que c'est vous que j'aimais, que vous étiez l'unique homme de ma vie. Nous étions à table, nous mangions, je regardais les enfants, je vous regardais, et je voyais là, la vie telle qu'elle pouvait être dans ma plus merveilleuse idée.

Si ce soir j'ai décidé de vous raconter tout cela, c'est parce que par moments, lorsque je repense à lui, malgré le temps qui a passé, malgré mon amour pour vous et les enfants, à ce déjeuner il y a quelques années, lorsque je l'écoutais, j'ai culpabilisé, un instant, mais un de ces instants si longs et si intenses qu'ils marquent une vie à tout jamais. J'ai culpabilisé de mener ma vie, de vivre heureuse, de vivre dans cette simplicité d'être, de vivre ce que j'aimais vivre, d'être aujourd'hui, comblée, amoureuse, mère de famille, et une épouse qui ne désire rien d'autre que du temps avec son mari. J'ai mis des années avant de comprendre les derniers mots qu'il m'a dit avant de partir: "Ne vous inquiétez pas, je ne vous en veux pas." Il m'a sourit, sincèrement, avec dans ce regard une sorte de compréhension, et d'attachement qui montrait qu'après des années il avait toujours gardé un souvenir de moi. J'ai mis des années à comprendre qu'il parlait de ma vie, de qui j'étais à une autre époque et de qui j'étais précisément aujourd'hui.

C'est ce moment de culpabilité envers moi-même et envers vous que je vous avoue ce soir, ce soir autant qu'un autre, car cela n'aurait rien changé. Ce n'est pas votre réaction, les conséquences que je craignais, juste mon jugement vis à vis de moi-même. Il m'a fallu deux ans pour réaliser, jour après jour, à quel point ma vie me convenait, combien je vous aimais, la grandeur et l'intensité de mon bonheur avec vous.

- Moi non plus, je ne vous en veux pas.

"

Par Hello-Goodbye le Lundi 30 mars 2009 à 0:48
J'aime beaucoup. Je ne sais pas d'où vient ce texte, mais j'ai commencé à lire (au départ juste par curiosité puis par intérêt) et je viens de le finir. Bref, commentaire non constructif. Juste, j'aime =)
Par La-confiance-est-obsolete le Vendredi 3 avril 2009 à 21:38
Il est surprenant de voir comme un texte peut subjuger,
capturer l'attention de la personne qui le lit.
Je suis contente d'être passée par ici, de m'être arreter et
d'avoir entamer la lecture.
Bien plus que votre talent, j'envie votre façon d'écrire.
Bonne continuation.
Par CR4Sh le Samedi 4 avril 2009 à 7:00
Trop fatigué pour lire le reste de ce blog .. rarement je les lis, inintéressant .. 'fin pour moi, mais ici .. y'a juste un être humain à lire, à comprendre ..

Pas clair je sais .. mais j'lirais tout ..
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://cestpasmafaute.cowblog.fr/trackback/2817991

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast