Lundi 8 juin 2009 à 16:12

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I
l se souvient aujourd'hui, du jour où il a comprit que tout allait bientôt se finir. Ce jour où, lorsqu'elle sortait de son lit, et qu'il la regardait, avec le même regard envieux que d'habitude, il ne reconnu pas celle qui l'aimait. Il voyait une autre personne, une autre femme se tenir à côté de lui, une autre femme l'embrasser. Qui es tu Petite Fille? Qui es-tu, toi qui te mires sans que je ne te reconnaisse? Toi qui vis dans mon coeur sans que je ne sache ton vrai nom? Son visage ne portait plus la même expression de bonheur interne, mais plutôt cette simagrée douloureuse qu'arborent les menteuses et les infidèles. Ce sourire crispé, cette perte de contact avec le réel, ces pensées noires, ce regard au loin, un instant, dans un miroir. Les yeux qui se baissent, puis remontent et affichent un sourire affligeant. Il souffre, de connaitre cette vérité. Il se souvient de quelques phrases, quelques mots, d'il y a quelques temps:

"
Nous connaissons la vérité. La vérité des jours cachés dans ta mémoire. Nous connaissons tout même si nous ne savons rien, et que nous aurions préféré ne rien découvrir. Nous connaissons ce secret que tu caches et que tu n'avoues pas. Nous en savons trop. Nous sommes les pensées à abattre. De la triste vérité et de la détresse morale. Nous sommes là quand il faut, mais il ne faudrait jamais. Nous nous infiltrons, insidieuses, fallacieuses, dans les parois des coeurs, où nous explosons. Nous sommes petites, minuscules, infimes, et c'est l'esprit qui nous cultive, nous fait grandir, les doutes deviennent des soupçons, et les soupçons des certitudes. Jusqu'à l'explosion, jusqu'à notre mort, et celle du coeur qui nous portait. Nous vivons sans eau, mais pas sans amour.
"

Il veut écrire la suite, la suite qu'il connait, car il en est l'auteur comme des milliards d'autres:

Je connais la vérité, je connais ces reflets dans les miroirs. Je sais qui il est, et je sais qui tu étais, mais je ne te reconnais plus, ce n'est plus ton image qui s'anime. C'est celle que tu lui donnais, c'est celle que tu donnais la nuit sans moi. C'est celle qui est imprimée sur ses lèvres, c'est celle qui me saute aux yeux. J'aime l'image que je me fais de la femme que j'aime, et lorsque celle ci n'est plus la même, je m'inquiète. Comment aimer une autre femme qui emprunte son corps, comment aimer une femme disparue? Je vis dans le souvenir des temps trahis, des temps effacés de sa mémoire. La souffrance est aussi indicible que les souvenirs qui lui traversent l'esprit lorsqu'elle est avec moi. Rien ne fait disparaitre de la mémoire certaines images. A cause de leur beauté, de leur horreur, de leur changement. C'est faire face à une nouvelle vie, de nouveaux gens. Rien n'arrête l'esprit, mais tout contribue à le torturer. J'aimerais que l'ancienne image reprenne sa place, comme si je n'avais jamais rien su. La vérité frappe trop fort de l'autre côté du miroir, elle hurle de la laisser sortir. Emprisonnée, elle fait trop de bruit pour ne pas l'entendre, pour ne pas la comprendre. Sauvegarder, charger, sauvegarder sans cesse ne changera rien. Les détails se jouent sur un lancé de dés, l'ensemble des détails forme plus que la totalité. Rien ne peut sauver les regards qui diffèrent.

Corsa regarde l'arme qu'il tient dans la main. Corsa regarde son chronomètre. Corsa se regarde dans le miroir. Corsa ne supporte plus de regarder. Corsa s'aimait, sincèrement, mais s'il ne peut même pas changer sa vie, dans la réalité ou dans le passé, où est l'intérêt?

Les gens poursuivent le temps comme les lévriers le lapin. Sans jamais l'atteindre, ils tentent tout ce qu'ils peuvent, et malgré tous les efforts du monde, le lapin est toujours plus rapide. Le monde entier rêverait d'avoir ce petit chronomètre noir dans sa main, revivre des moments passés, de si beaux moments passés. La seule chose que sauraient faire les hommes, c'est les gâcher, comme ils gâchent déjà continuellement leur vie. Ils vieillissent. Puis arrive le moment ou apprendre n'est plus un plaisir mais une simple mis à niveau, où les hommes recherchent l'excellence dans le but d'impressionner et non de se satisfaire d'eux même. Comme lorsque l'argent devient un moyen de pouvoir et non de survie. L'abondance n'est plus propice aux hommes, elle les mène vers une volonté de devenir un sur homme non pour leur intérêt mais pour écraser les autres. La lutte est alors sociale, monétaire, sexuelle, et moyen âgeuse. Rien ne peut alors l'arrêter si ce n'est un crime contre l'humanité qui mettrait fin à toute vie sur terre. Il est beau de croire en l'humanité, mais avant ça il serait bon pour les hommes qu'ils croient en chacun d'eux. Rien n'arrêtera tout ça. Rien. Ni personne. Alors les gens tentent de modifier leur passé espérant changer leur futur. La possibilité de revenir dans le temps est leur unique rêve. Plus intense et plus ancré en eux que leur propre désir de vivre un futur. Ainsi l'amour serait éternel, sans faute et à recommencer à l'infini. La mort ne serait qu'une échéance qu'on repousserait toujours au lendemain. La vie n'est plus ce compte à rebours, la vie serait ce temps infini, soigné de son imperfection, réutilisable, chacun évoluant dans des mondes parallèles et vivant la vie qu'il souhaite vivre au dépend des autres. La vie ne serait ni souffrance ni trahison ni mort. Elle ne serait que la réalisation concrète de tous les rêves de hommes en même temps.

La vie serait une horreur sans nom.


Ecrit le 25 août 2008.

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