Vendredi 27 février 2009 à 3:39

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Des sonates, j'en ai entendu des milliers, des millions peut-être, de tous les genres, de tous les styles, avec tous les instruments. Des tableaux, j'en ai vu des milliers, des millions peut-être, de tous les courants, de toutes les époques, faits avec toutes les techniques. Des films, j'en ai vu des milliers, des millions peut-être, de tous les types, de toutes les décennies, de tous les pays. Des livres, j'en ai lu des milliers, des millions peut-être, de toutes les idéologies, de toutes les langues, de tous les auteurs.

Jamais, pourtant ; pourtant jamais, je n'ai entendu.
Jamais, pourtant ; pourtant jamais, je n'ai vu.
Jamais, pourtant ; pourtant jamais, je n'ai sentit.
Jamais, pourtant ; pourtant jamais, je n'ai touché.

Qui que ce soit de comparable.

Une suavité, une lourdeur dans la voix, qui donne à elle seule de l'importance aux mots qu'elle emploie ; des mots comme : pour toujours, à jamais, parfois, ou encore. Un grain, un ton de voix, sentir dans l'air, comme des vagues que créent ses cordes vocales qui vibrent. J'ai déjà remarqué ses lèvres si bien dessinées, ses lèvres qui font tout un charme chez certaines femmes, mais chez elle, non, chez elles les lèvres illustrent la voix, elles sont, comme, comme leur avatar. Des lèvres les plus profondes sortent un ton, un ton qui enveloppe, qui embaume, un ton qu'on dirait divin, ou davantage maléfique. On sent dans ses mots, on voit sur ses lèvres qui s'entrouvrent lorsqu'elle parle, l'air s'écraser, se fissurer et changer, entre ses cordes vocales, on comprend vite, que cette voix est l'instrument d'une femme dont la perfection est son égal.

Une douceur, une complexité à toute épreuve, un enfermement, qui évoque tous les souvenirs enfouis dans notre mémoire depuis longtemps. Il y a des visages beaux, et des visages agressifs, le sien est violent, comme ces images qu'on refuse de revoir, de reconnaitre, car elles nous accusent. Le sien juge, et condamne, les regards qu'on lui porte, car il sait très bien déceler dans les yeux les péchés inavoués qui habitent en nous. La candeur qui y réside pourtant, fait toute la différence avec ces masques que portent les femmes appréciées des hommes et qui le savent ; elle semble s'oublier, n'être qu'une âme qui habite un corps qui n'est pas le sien, oubliant constamment qui elle est, et l'effet qu'elle produit. Elle n'en joue pas, elle ne dénigre rien. Elle vit comme vivrait une femme qui s'oublie de temps en temps. Elle s'oublie tout le temps, elle ne sait plus qui, où, pourquoi, comment, elle est. Cette impossibilité dans son visage, qui évoque la tranquillité que l'homme connait dans son sommeil, et la souffrance qu'il subit lors de son éveil.

Un enivrement, un mélange inconnu, comme un élixir inimaginable qui peuple les rêves des parfumeurs du monde entier. Cette odeur qui nous réveille et nous rappelle, son nom pourrait être Souvenir, grâce à l'odeur qui émane d'elle. De ces moments de notre enfance, jusqu'au dernier jour de notre vie, toujours ce parfum corporel, cet habit invisible qui lui sied si bien, et qui, porté par une autre, serait un véritable dégoût. L'alliance parfaite, il flotte, c'est de l'éther humain, il viole notre odorat, l'amoindrit, et lui fait prendre conscience que toutes les senteurs qu'il a connu auparavant sont faibles, nauséabondes, et inutiles. Il persiste cette impression, de le percevoir davantage lorsque ses lèvres laissent échapper quelques douceurs, quelques souffles chauds, ces moments de quiétude, de solitude. Il lui va si bien, lui qui rappelle tout, à celle qui oublie tout, à celle qui voudrait tout oublier.

C'est elle, la femme que j'aime.
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