Mardi 24 février 2009 à 1:02

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Juste, un instant, une minute, cinq minutes, essayez de comprendre, écoutez-moi! C'est beaucoup, mais ce n'est rien:

C'est, c'est dans ma tête, c'est, c'est tellement petit dans ma tête, tout ça, tout ça veut sortir. Je veux dire, toutes mes idées, mais, mais ça va trop vite.

Je me sens enfermé dans mon corps, mon minuscule corps, je ne suis rien, et je le sais, je le sens, c'est comme, comme si je voyais le monde dans son ensemble, dans sen entièreté. Vous comprenez? Nous sommes enfermés dans notre corps, dans quelque chose de si petit, de si facile. Les gens se plaignent, les gens vivent, heureux ou non, mais personne ne comprend, personne ne voit comme la vie est facile, si facile. On accomplit toujours les mêmes actes dénués de sens, vivre c'est comme appuyer sur un bouton. La vie est aussi facile que la mort peut-être simple, rapide, inattendue: un couteau dans le dos, une balle en plein coeur, une chute dans les escalier. Personne, personne ne voit le monde, comme moi je le vois. Imaginez, juste, un court instant, comme un gros plan, là, la Terre. Puis on se rapproche, on traverse la stratosphère, l'ozone, toutes ces choses, on se rapproche encore, on zoome sur un continent, un pays, un état, une région, une ville, une route, une rue, un homme qui marche. Comprenez, ce que vous faites, c'est bien, c'est beau, c'est bon ou non, mais pensez à ce que font les autres quand vous, vous vivez. Certains dorment en Ukraine, d'autres baisent en Chine ; certains meurent aux Etats- Unis, pendant que d'autres sont aux toilettes en Irak. C'est facile, si facile la vie.
Et puis, et puis la destinée, c'est comme si, nous pouvions déterminer qui nous serons, en sachant qui nous sommes, et notre passé. Comme si la vie n'était qu'un savant calcul, par a+b, je peux dire que tu feras ça, et ça, et ça. Maintenant, et maintenant, et, maintenant. Notre corps nous limite, il dresse des barrières si fines et si déterminantes. Il y a le possible et l'impossible, et jamais l'un ne deviendra l'autre, jamais on ne pourra changer l'un en l'autre. L'homme ne sait pas voler, et il ne saura jamais. C'est physique, c'est humain. J'ai le plus grand mal du monde à croire que le futur nous réserve encore un tas de nouveautés, de changements aussi monstrueux et nombreux, mais d'ici cent ans, les hommes et les femmes qui vivront regarderont notre époque comme nous regardons celle d'il y a deux cents ans. Avec dégoût et mépris, de cette, nullité, incapacité, à percevoir, à comprendre, la vérité, la simplicité. Plus le monde évolue, plus il s'inscrit dans une technologie, une technocratie élitiste. Il faut savoir, comprendre, énormément, imaginer, peu. C'est ça, c'est tout ça, c'est l'explication mathématique, que tout est clair, limpide, net, et compréhensible. Ce qui explique que j'aime tant, l'abstraction, l'abstrait, dans ma vie, dans mes sentiments, dans mon quotidien. Regardez, Duchamps, un urinoir, un petit urinoir, c'est ça. C'est la première guerre mondiale, c'est le gaz moutarde, puis c'est un urinoir. C'est la théorie de la relativité générale, c'est E=MC² et c'est une roue de bicyclette. C'est facile, c'est expliqué, mais c'est une roue de bicyclette. Ne pas croire, ne pas savoir, ne pas quantifier.
Voyez comme le monde est simple, ça en devient dégoûtant, ces esprits trop conditionnés, trop sublimés, comme si tout s'expliquait. Une route, nos routes, elles sont simples, tellement simples, c'est du béton, et on roule dessus. Plus tard la vie deviendra encore plus simple, de plus en plus simple, on n'élèvera plus nos esprits, on les éduquera, pour en faire, pour les former aux tâches qu'ils doivent accomplir, et rien, rien au monde ne peut arrêter l'expansion infini du savoir technocrate dans une société du profit, de l'agrandissement, et du plaisir.
Alors j'aime sans fin l'abstraction, sortir de cette réalité, ne plus voir la Terre dans son ensemble, voir en son centre, me voir, mûrir, grandir, exploser. Sentir en moi l'amour, l'imagination, l'admiration, toutes ces choses qui nous font sentir supérieur, à tout être, différent, de tout être. Voilà comment va le monde, il va de mieux en mieux, il met fin aux guerres, il met fin aux famines, il est altruiste, il est passionné. Tout ça est trop simple, tellement simple, facile, tellement facile.

Je veux la plus grande complexité qui soit, je veux connaitre tous les impossibles sans jamais m'y confronter.
Je suis simple, tellement simple.
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N.A : Dingue!

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