Vendredi 30 janvier 2009 à 19:39

Voyez, grâce à quoi je vais devenir célèbre:

Lorsque tes mains ont autant bâtit que détruit, qu'elles sont à l'origine de ta fin comme elles ont été à celle de ta création. Ce sont elles qui ont fait voir à celle qui t'aimait que tu pourrais être la promesse d'un meilleur avenir à deux. Elles ont donné naissance et repris la vie de tes propres enfants, tes mains si fines et si douces dans ton adolescence sont devenues larges, froides et calleuses avec les soucis et le cambouis où elles ont si souvent trainé. Le visage n'est marqué que ça et là des difficultés de ta vie, mais tes mains ne peuvent mentir, elles trahissent ton existence et ton parcours: à chaque problème résolu du bout des doigts, elles sont devenues un peu plus froides, à chaque inconvénient évité, par la fuite ou par l'adresse, elles sont devenues plus calleuses, plus lourdes à porter. Tes grosses mains qu'on dirait des gants qui ne sont pas à ta taille. Le temps pourtant efface les formes, les détails, les petits traits caractéristiques de chaque main: les ligne de vie et d'amour deviennent indifférenciables jusqu'à disparaître. On ne reconnaît même plus les doigts les uns des autres ; ta main n'est plus qu'une unité complète, elle ne semble plus être faite pour serrer que ce soit une autre main ou un être cher. Elles ont désappris l'amour, trop forcées à résoudre les peines et à les essuyer, à les combattre, à les exterminer. Elles racontent tous les coups qu'elles ont donnés et ceux qu'elles ont pris, les bons comme les mauvais. Elles racontent à elles seules les nombreux corps qu'elles ont vus et parcourus, aimés et détestés à la fois, ces corps qui ont connu leur douceur et leur chaleur, leur distance et leur rejet.

Certaines mains parlent pendant que d'autres agissent, certaines rêvent quand d'autres s'abîment. Certaines se tiennent sans s'aimer, elles vieillissent ensemble, souffrent, et pensent que le temps sera leur rétablissement. Une fois la gangrène propagée, rien ne fait retrouver au corps sa douceur et sa chaleur d'antan. Les yeux, la bouche, les jambes, le langage du corps est tout juste perceptible car toujours dissimulé ou mal interprété. Les mains trahissent celui qu'elles possèdent ou qui les possède: elles sont les témoins et les acteurs, elles sont les criminels et les bienfaiteurs.


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