Jeudi 6 novembre 2008 à 5:24

http://bp3.blogger.com/_54fcxpFgZhs/RjEQA6aRMSI/AAAAAAAAAE4/xBPGwelTV7Q/s1600-h/millais,+Ophelia,+1851-1852,+tate+gallery.jpg

Je me couche et les oiseaux chantent
Je me couche et plus rien ne m'enchante
Je me couche et le soleil se lève
Je me couche et sans attendre la relève

Alors qu'on m'offre Baptiste sur un plateau d'argent
Alors que l'amour d'Ophélie est encore vivant
Je ne demande que sa tête
Je demande qu'il s'arrête

Je clame ma gratitude aux gardes
Ma folie comme par mégarde
On me rend l'ignorance, le rejet
La souffrance, le non-fait

Si tu veux mon absence
Ne m'engage pas
Si tu veux ma présence
Répond-moi

L'un comme l'autre relève
de l'incompréhensible
Torture qui naît en moi

Tu t'annonces
Et te prononces
Mais tu ne fais pas un seul pas

Je hais dix choses en toi
Pour en aimer le double
Sache où tu vas
Avant que je ne te double

Je hais l'amour incongru des jeunes infantes
Qui s'éprennant des hommes aux fenêtres
Et celui des vieilles servantes
Voient le jour la nuit, et ne pensent qu'à leur être

Aime! ou châtie! mais décide toi
Tanguer n'est bon que pour les navires
Une femme pour rien au monde ne doit
Hésiter entre l'amour et le soupir

Je n'offre ni rubis ni émeraudes
Les diamants sont pour les amants
Ton amour parfois rôde
Mais jamais ne se décide finalement

Tu crois aimer! Tu crois haïr!
Rien ne te laisse savoir, tu crains le pire
Les secondes se succèdent encore
Tu te changes en mort

Tu ne sais que choisir
Ton coeur ne te fait plus rire
Suis-je l'amant ou l'ennemi?
M'aimeras-tu alors après aujourd'hui?

Il n'est bon pour personne d'être enchaîné
Les esclaves se rebellent et fuient leur maitre
Ils vont vers des contrées éloignées
Où ils répudient les liens qu'ils ont fait naitre

Je ne t'attacherais qu'un fil dor au poignet
Pour que dans le plus grand des labyrinthes
Si l'envie te prend de revenir à mon chevet
Tu retrouves ta route sans peine et sans crainte

Pourtant la souffrance est dans ma main
Le rouleau se dévide et tu fuis plus loin
Le fil continue à te suivre
Je reste mort, ivre

Je n'ai pas d'espoir ton retour ou ton changement
Seulement celui de ma réhabilitation
Dans le monde des hommes et des enfants
Pour que naisse en moi une autre passion

Laisse-moi libre, ou aime-moi!
Ne vole pas mon coeur et ma foi
Permet moi de garder ma dignité
Les jours de pluie et enneigés.

Mardi 4 novembre 2008 à 1:15

http://77.87.105.98/0/00/55/28/couleurs-cachees/allumette.jpg

Que voulez-vous?
Il arrive parfois que les plus bavards n'aient plus rien à dire, que les plus discrets se mettent à parler, que les plus honnêtes mentent, que les plus menteurs avouent la vérité, que les plus chastes se dévergondent, que les plus dévergondés deviennent des saints, que les plus forts soient battus par les plus faibles, que les plus faibles deviennent les plus forts, que les plus sains d'esprit deviennent les plus fous, et que les internés soient des gens normaux, que les radins fassent don de toute leur fortune, et que les âmes humanitaires gardent pour elles ce qu'elles sont de plus précieux, que les pompiers mettent le feu, et que les pyromanes éteignent les leurs, que les kleptomanes rendent des objets, et que les policiers tuent des personnes, que les riches n'aient plus d'argent, et que les pauvres en aient trop, que les femmes aiment les femmes, et que les hommes aiment les chiens, que la Terre ai la couleur du ciel, et que le ciel soit la Terre, que les amis deviennent les amants, et que les amants deviennent les ennemis, que l'amour devienne de la haine, et la rancoeur de la haine, et le dégoût de la haine, et le désamour de la haine, et le passé de la haine, et que la vie devienne de la haine, que la jeunesse serve d'excuse, que l'alcool serve d'excuse, que le mensonge serve d'excuse, que la mort serve d'excuse, que l'amour n'ai pas d'excuse, que la fin de l'amour n'ai pas d'excuse, que le secret se révèle, que la connaissance s'oublie, que les drogues dures deviennent douces, que les drogues douces deviennent dures, que la main qui berce soit la main qui frappe, que la main qui aime soit la main qui fait signe d'au revoir, que la poignée de main ne serre rien, qu'un accord ne mette pas tout le monde d'accord, qu'un lien qui se crée soit un lien qui se dénoue, qu'un lien qui se dénoue soit un lien plus solide, qu'un lien qui se dénoue soit un lien qui se brise, que continuer à vivre c'est continuer à attendre, et continuer à attendre ce n'est plus continuer à vivre, que l'amour d'aujourd'hui soit moindre que celui de demain, et que celui de demain soit moindre que celui d'après-demain, et que celui d'après-demain n'ai aucune valeur face à celui dans dix ans, que le regard que l'on portait soit le même que celui que l'on porte, que ce qui était sur ne l'est plus, que ce qui était impossible le devienne, que ceux qui s'aiment ne s'aiment plus, que ceux qui ne s'aiment plus s'aiment à nouveau, que la vie soit belle si on lui demande, et qu'elle soit mauvaise sans qu'on le mérite, qu'à trop en faire on en fasse pas assez, que l'amour n'en demande pas tant, et que l'amour ne demande rien d'autre que d'exister, et que l'amour ne puisse pas exister, que le soleil se lève sans que personne ne le désire, que la nuit tombe quand tout le monde le désire, que la fin arrive plus tôt que prévue, que la fin arrive plus tard que prévue.

Il arrive parfois, que la fin n'arrive jamais.
Parfois
jamais.
Mais parfois,
Tout de même.

"L'amour est comme une allumette.
D'abord on craque. Et de petites étincelles se créent, et on s'enflamme. La flamme de la passion, la flamme de l'allumette. Il arrive parfois qu'elle s'éteigne immédiatement, ou alors qu'elle s'embrasse subitement, l'allumette, la passion. Il s'agît alors de trouver le juste milieu, entre rester droit, et pencher vers l'avant ou vers l'arrière, pour que la flamme reste telle qu'elle est, au risque de s'éteindre, qu'elle grandisse, au risque de se brûler, ou qu'elle ralentisse, au risque de ne plus avancer. Puis il s'agit de continuer, jusqu'au bout, sans se brûler, et qu'elle existe toujours, la flamme, de la passion, de l'allumette, qu'elle continue à brûler, les corps, les âmes, le souffre, le bois.
On craque et puis on s'allume.
On craque et puis on s'allume.
Pschiiut.
"

Jeudi 30 octobre 2008 à 0:49

La mémoire est une passoire, elle retient des choses et d'autres, en laissant passer les détails infimes à travers elle, mais ce qui choque, ce qui émerveille, est trop gros pour disparaitre. C'est une passoire, car elle ne garde que des bribes, des morceaux d'instants, on se souvient d'un regard ou d'un sourire, occultant ce qui fût le plus mauvais, ou ce qui fût le meilleur. Souvent, dans les meilleurs moment comme dans les pires, je me souviens de la lumière qu'il y avait, une ambiance de fond, je me souviens si c'était lumineux, ou trop sombre, à croire que mes plus beaux moments, je les ai laissés s'écouler dans la pénombre.

"
Tu te dois de connaitre, cet instant, ce moment précis où ta conscience, ton intelligence, ton corps, se réunissent pour s'écouter les uns les autres et profiter du moment présent. Cette seconde, où cette pensée te traverse l'esprit à une allure folle, à la même allure que celle de ton coeur, à une allure démesurée. Tu saisis, en un instant, ce que tu fais, ce que tu aimes, le but de ta présence, le but de tes actions, et rien de tout ça ne te semble blâmable, au contraire, tu voudrais qu'on te loue pour ce que tu es en train de faire, de penser, tellement cela te parait grandiose pour un si petit être que toi-même. Alors que parfois ton corps a froid, et semble rejeter tout être, tu l'emprisonnes un instant, fier d'avoir réussis à la mettre dans la cage de ton esprit et qu'il ne soit pas comme d'habitude, vaquant à ses occupations, sans que jamais tu ne fasses attention à ce qu'il fait.

Tu n'es plus qu'une bouche, tu n'es rien, rien d'autre qu'une bouche, tout le reste de ton corps est endolori. Comme inexistant, ton corps est allongé inerte, et c'est dans tes lèvres que battent ton coeur et ta vie, dans ces mêmes lèvres que tu vois, que tu écoutes, que tu sens, et que tu respires, c'est dans tes lèvres que tu vis. Tu sens et entends le souffle, tu respires ce souffle, et comme si, tu gravitais, ou plutôt, parce que tu gravites, tes lèvres sont irrémédiablement attirées. Tu ressens cette traction, cette attraction d'un autre corps, alors qu'il ne te touche pas, il est juste face à toi, et t'effleure l'âme, invisible, et chaud. Tu descends, mais la gravitation reprend son droit, et à nouveau, flottant dans l'air comme si tu ne pouvais plus te décoller du vide minuscule, tu te rapproches à nouveau, jusqu'à goûter le sentiment d'amour pour savoir s'il n'est pas gâté ou s'il n'a pas tourné. Tu veux savoir si ce goût est le même, s'il est toujours celui que tu aimais, et si tu l'aimes toujours. Voilà que tu te perds, que tu arrêtes de respirer, que tu ne vois plus rien, mais que tu sens contre toi, une source de chaleur incroyable, et une douceur, comme si c'était la première et la dernière fois que tu la trouvais.
"

Ma mémoire multi séculaire ne trouve rien à redire.

Lundi 27 octobre 2008 à 22:54

http://cestpasmafaute.cowblog.fr/images/skinssidgangreg.jpg

D'ailleurs, je n'aime pas dire: c'est à dire?

Il n'y a pas assez de lumière, je crois que la clarté me fait peur, je crois que la lumière me fait peur.  Je préfère ne rien voir, ne rien savoir, rester, caché, prostré, dans le noir, en fermant les yeux, et en me disant, tout doucement, en me chuchotant à moi même "N'ai pas peur." Regarde le miroir, regarde le un instant, et essaye d'y voir un reflet. Mais il fait noir, trop noir, tu aimes et es le seul à aimer le noir. Alors qu'on te propose la lumière du jour, qui te réchauffera, qui t'apportera la paix, tu veux le noir, car le noir ne brûle pas, car le noir donne froid, et qu'il est plus simple de se réchauffer que de panser une brûlure.

Tu es la fontaine de la vie, à l'eau claire, à l'eau lumineuse, qui rend sa lumière à la pièce, qui fait danser les ombres chinoises une valse à trois temps, un valse à quatre temps, une valse sans temps. J'entends délicatement, l'eau couler et l'eau s'évaporer, quand sur sa robe à la mode ancienne, tombent les symboles mouillés des opprobres cachés, quand sur mon corps nu, restent encore à jamais, sur ma peau flétrie, les marques du passé. Souviens-toi souvenons-nous de ces soirs, où les diamants posés sur le bord de l'eau, faisaient miroiter, sur les murs et dans le fond du bassin, des éclairs, qui éblouissaient les murs.

Je ne suis qu'un petit enfant, je ne suis qu'un petit enfant qui a peur du noir. Je n'ai plus le droit d'être un enfant, quand c'est moi qui demande, le noir ; quand c'est toi qui demande le noir. Pour cacher les plaies, mais pour cacher la vérité, pour cacher ce que les singes ne veulent ni voir, ni dire, ni entendre. Pourtant, parfois le noir ne cache que la surface, et la profondeur éclairée par la haine et le doute, fait souffrir de cette chaleur étouffante. Ce sont des néons à uranium auxquels nous sommes tous plus ou moins exposés, depuis notre enfance, depuis notre adolescence, depuis notre mort. La colère repeint les murs et les ampoules, en rouge, pour laisser dans l'atmosphère, ce goût de fer, d'inachevé. Je ne me battrais pas si tu veux le noir, car tu ne t'es pas battues lorsque je voulais le noir. Le noir me sauve à moitié, de cette moitié qui, lorsque tu es là, me parait être une entité, et lorsque tu es absente, me semble être inexistante. A trop vouloir le sombre, on s'accorde à y vivre. Il n'y a pas de sombre que l'horreur, l'inconnu voulu, se révèle parfois être la solution à ce qui n'a pas de problème, mais l'ignorance semble parfois revêtir cette soie qui lui serre la taille et qui lui va si bien, qui est si douce, que même la plus belle des vérités semble être affable, et décevante. Car au son des pleurs, c'est notre réalité qui se crée au bout du téléphone, et c'est notre abstraction qui fait le travail qu'il faut, pour survivre, pour suivre, pour oublier.

Je suis tant un petit enfant, que le soir j'éteins ma lumière, que la journée j'éteins ma lumière, pour ne plus me voir, et pour me cacher à mes propres yeux ce que tant d'autres rêveraient, ou ont rêvé de connaitre. On peut se cacher sous les draps, mais le son des voix résonne encore dans la tête, il se fait l'écho de lui même, il se répète à l'infini comme si j'en étais l'auteur, comme une symphonie répétitive qu'on prend plaisir à jouer en boucle. Ce cri, cette voix, ces pleurs, qui coulent encore dans ma tête, comme s'ils n'avaient jamais arrêté, comme s'ils n'arrêteront jamais, comme si, pour une fois, le noir suffisait , comme si enfin, le noir suffisait. Et le noir suffit, et le noir suffit plus que tout le reste, et c'est tant mieux. Et c'est tant mieux que pour une fois, mon esprit s'efface lui-même de sa mémoire, et que lorsque le soleil se lève, sur l'herbe desséchée, ce n'est pas l'absence que je vois, mais le vide, comme si jamais rien n'avait existé, comme si rien n'avait jamais eu lieu. A moins que peut-être, rien n'a jamais eu lieu. Nous n'en savons rien, car il faisait noir, si noir.

Si petit enfant que je puisse être, à voir en-dessous des jupes, à voir en-dessous des âmes, je ne me fais pas la pierre tombale qui écoute, ni l'animal de compagnie comme assistance involontaire. Je deviens parfois, ce que je veux être, plus que ce que je dois être. Car si sous les néons rouges, je courbe le dos c'est pour ne pas être aveuglé, et supporter cette chaleur, cette souffrance de la peau. La lumière rouge ne soigne qu'un instant, qu'une seconde, qu'une heure, et détruit, en cette heure, ce qui fut le travail parfois d'une vie, parfois de plus. Le souvenir des mauvais rayons du soleil qui filtraient ne me laisse parfois qu'un goût amer, lorsque je sais que je n'ai pas été le seul à les gouter. Si c'était seulement la vérité, si ce ne l'était pas, je n'en saurais rien, car le noir recouvre la vue, et aveugle du souvenir, sourd du devenir, j'ai parfois besoin de cachets pour mieux dormir. Bien que ces cachets ne sublimeront jamais la lumière blanche, bien que ces cachets ne sublimeront jamais la lumière du jour, d'un jour pur, blanc ou bleu, plutôt que rouge, c'est aujourd'hui, et malheureusement pour encore longtemps, qu'ils seront l'unique solution, à des problèmes insolubles dans l'eau.

Admire le temps qu'il fait, et profites en, car bientôt l'été reviendra comme il était déjà si vite repartis un soir un peu trop froid. Si c'est ce froid, si c'est cette glace que j'aime, c'est parce qu'elle est, l'unique symbole qui dans ma mémoire ai vraiment de la valeur, le seul symbole existant pour sortir du noir. C'est ce qui m'a fait réaliser que le blanc était, une fois de plus, la couleur des rois et des reines, qu'ils le soient une nuit ou une vie, les neiges éternelles, malgré les néons mécaniques rouges ou autres, ne fondront que sous les chaleurs de vérités jamais voulues, qui n'auraient jamais du paraitre autre part que dans les pensées, et ce n'est donc pas pour rien que l'homme n'est pas doué du don de lire dans l'esprit des femmes. Pour qu'il reste toujours dans leur tête, cette part d'inavoué, qui fait mieux de le rester. Je ne pleurerais pas lorsque les princes et les princesses seront morts, je ne pleurerais pas quand les ogres et les ogresses auront disparus, je ne pleurerais pas quand les neiges carboniques et les neiges éternelles auront fondu. J'aurais seulement trop chaud sous les néons, ces mêmes néons qui t'auront vu danser, ces mêmes néons qui t'auront vu tomber, ces mêmes néons qui m'auront vu danser, ces mêmes néons qui t'auront vu me manquer.

Pourtant tu ne sembles pas te lasser de jouer avec l'interrupteur, pour me rendre aveugle une fois de plus, me faisant sortir de ma cachette, sous les cris. Je supporterais ce jeu aussi longtemps que le noir supportera ma présence et moi la sienne, jusqu'à ce que la porte reste ouverte, et qu'au croisement des lueurs matinales, ressurgisse un instant, l'éclair, qui m'avait paru salvateur, et qui n'était finalement, qu'un flash d'appareil photo.

Alors que la roue tourne, et tourne toujours
Alors que tes amours tournent, et tournent toujours
Le noir me sauve des pleurs et de la vérité
Le noir me sauve des cris et d'un amour manqué

Plutôt que vivre au soleil
Je me cache sous les avalanches
Je m'enterre avec les edelweiss
Si tu es sans pareil
C'est aussi que tu te penches
Ton amour vers des ailleurs qui te laissent

Viens, et endors toi
Je veux le noir pour dormir tranquillement
Ce que tu ne fais pas
Tu veux le noir pour te calmer un instant

Et c'est le croisement infini
Entre demain et aujourd'hui
C'est la neige qui fond
C'est l'amour qu'ils font

Je ne suis plus que spectateur
De mon amour qui est désormais, leur(re).

Mardi 7 octobre 2008 à 19:54

"
Nous conduisons notre vie, comme nous conduisons notre amour. D'abord enjoué, connaissant la joie de l'expérimenter, nous la pensons, nous le pensons unique, et inaltérable, intouchable. Nous faisons de notre mieux pour les élever au plus haut point, et qu'ils deviennent la concrétisation de nos rêves. Mais l'un comme l'autre, connait une fin, souvent prématurée, qui marque aussi une chute d'espoir. Nous nous battons, bon gré mal gré, pour faire de notre vie et de notre amour, quelque chose de durable, quelque chose de bon, quelque chose dont les souvenirs une fois la fin approchant, seront appréciables et agréables à se remémorer. Sachant pertinemment que tous deux connaitront une fin, nous continuons à les vivre, et à les désirer plus que tout autre chose. Ce qui est éphémère, apparait alors, comme ce qui est essentiel. On dit parfois "je serais peut être mort demain" et pourtant rarement on entend dire "je ne t'aimerais peut être plus demain". Alors que, quoi que j'en sache, et quoi que j'en comprenne, l'amour ne prend pas tout son temps pour partir, mais comme toute fin, elle a lieu du jour au lendemain. Le jour où le regard, les mots, la personne, ne sont plus les mêmes qu'hier. Cette fois où, au réveil, on ne voit pas celui ou celle qu'on aime, mais celui ou celle qui prend trop de place dans le lit. Ce n'est plus celui qui nous éclaire nos matinées, mais celle qui nous cache la télé. Ce n'est plus celui qui nous fait rêver, mais celle qui nous endort avec toutes ces histoires pendant sa journée. Les choses n'ont pas changé, non, elles sont toujours les mêmes, la personne que tu as en face de toi porte bien le même prénom, le même nom, et se conduit avec la même attitude. Ce que tu prenais pour un joli défaut, aujourd'hui te fait grincer des dents. Lorsque tu le vois à la fenêtre, et que ce n'est plus celui que tu aimes, mais celui qui te cache la lumière du jour. Lorsque tu te couches le soir, et ce n'est plus celle qui t'attendrit et que tu désires, mais celle qui ne fait rien de ses journées, ne te comprends pas, et ne t'écoutes pas. Sentez-vous partir, en vous, glisser hors de votre coeur, un si doux sentiment, une si énorme passion? Surement non, et ce ne sera jamais le cas. Jamais vous ne sentirez s'effiler votre amour, partir en petit morceau, se disséminer dans votre tête, seulement un matin, un midi ou un soir, vous le chercherez, au plus profond qu'il puisse être, et ne trouverez qu'ennuie, rancœur, amertume, et vide. Il peut prendre tout son temps pour s'installer, il part plus vite qu'il ne se consume.

Votre amour
Leur amour
Ton amour
Mon amour
Partiront, bien trop vite, aujourd'hui, demain, un jour.
"

Mardi 30 septembre 2008 à 22:11



Jade est belle. Elle a ce charme enfantin qui fait craquer les hommes viriles. Jade n'a pas le nez retroussé comme les putes ont leur jupe, elle a un nez fin, discret, presque absent. Jade n'a pas les yeux bleus, elle n'a pas les yeux bleus, c'est une vipère. Jade a les cheveux longs, parce que c'est le symbole de la féminité la longueur. Elle a aussi de longues jambes, interminables. Douces, sans qu'elle en prenne soin, parce que Jade ne prend soin de rien. Jade a une bouche fine, mais des lèvres assez charnues pour qu'on les désire. La peau de Jade est lisse. Jade a de belles pommettes saillantes, et des fossettes, comme toutes les belles femmes que l'ont décrit. Jade a un sourire, comme personne n'en a, elle sourit rarement, alors voir ses dents les éclaire, elle et sa beauté. Jade est brune, même si son prénom pourrait faire penser le contraire. Jade n'est pas grande. Jade a des seins, qui sont beaux eux aussi, ils se laissent deviner sous un débardeur. Par contre on aperçoit pas sa taille, parce qu'elle est fine, sans être squelettique. Jade a de belles fesses aussi, rondes, et relevées, comme des globes. Des fesses à l'instar de ses seins, qui tiennent dans la main. Jade a de belles cuisses, Jade dit que les cuisses sont la plus belle partie du corps d'une femme. Les mollets de Jade sont fins, et discrets, on dit que c'est la plus belle partie de son corps avec ses cheveux et son dos. Parce que le long dos de Jade est beau, la peau de satin a du gout, et on voit sa colonne marquer son dos et creuser des formes appétissantes. Ses petits pieds gracieux finissent l'harmonie corporelle. J'aime Jade. J'aime son corps. Jade nous aime. Jade aime son corps.

Dans la nuit de Jade, son corps est chaud. Dans la nuit de Jade, son corps est beau. Eclairé par un rayon lunaire, il s'étend sans aucune lumière. Jade est plus amante qu'aimante. Jade n'aime personne, mais tout le monde fait semblant d'aimer Jade. Pourtant Jade n'a pas besoin de ce faux amour, pour s'abandonner et faire l'amour. Jade resplendit la nuit, mais personne ne lui dit. Car tous les hommes au dessus d'elle, ferment les yeux et reprennent de plus belle. De ce faux amour elle s'en fait des robes, qu'elle porte le soir comme un petit opprobre. La tristesse ne s'invite plus à la table de Jade, elle y fait diner des hommes riches qui trompent Marie, Lucie ou Jeanne. Certaines nuits, Jade se sent seule, car sont lit n'est peuplé que de cauchemars qui grandissent et se nourrissent du noir, des peurs qui vivent en elle, surtout celle du jour où elle ne sera plus belle. Jade n'aura pas tout perdu, elle t'aura toi, moi, toi. Tout parait désuet face au corps de Jade, tout le reste est sans goût laid, et fade.

Je ne vois que Jade.
Je ne désire que Jade.
Je n'aime que Jade.

Jade voit tout le monde.
Jade ne désire personne.
Jade n'aime que Jade.

Mardi 23 septembre 2008 à 23:49

"
Je me lève, j'obéis à la loi de la nature.
Je sors du lit, déjà habillé. C'est la sixième insomnie. Je devrais employer ce temps à quelque chose de gratifiant, ou tout du moins d'utile. Parce que retourner dans ma tête les mêmes images ne permet pas de les revivre. Je me déshabille pour prendre ma douche. Je me fatigue d'être en vie, sans envie. Je continue la route jusqu'à la gare, jusqu'au travail, jusqu'à la fin de ma vie. Je ne change pas de voie - pour quoi faire? Je ne change pas de vie - une seule me suffit. Je n'ai plus goût à rien, je n'ai de motivation que l'espoir d'en voir la fin. Une fin qui n'arrive jamais. Mes nuits de repos n'existent plus, j'ai sept heures de plus pour ressasser la douleur et le manque. J'ai sept heures de plus pour m'auto-mutiler. Mes murs sont couverts de puzzles, tous les livres sont lus, tous les films sont vus. Rien ne semble pouvoir achever mon corps. Je ne vis plus qu'à moitié, sans moitié.
Tout a perdu sa saveur, tout a perdu sa beauté. Je suis en hiver, malheureusement il neige. Le soleil n'est pas là pour éclairer quoi que ce soit. Il se couche plus tôt encore, et mes nuits durent vingt quatre heures.

Toutes les femmes sont transparentes. Elles prétendent être des femmes, mais à mes yeux sont des fantômes, des ombres, de ce que tu es. Quoi qu'elles fassent, elles ont quelque chose de toi, tes gestes, ton attitude, tes phrases, ton amour. Pourtant le remplacement ne me plait pas. Il n'apporte ni paix, ni tranquillité, ni joie.

L'amour repenti.
L'amour fini.
"

Jeudi 31 juillet 2008 à 0:37



La capote c'est le soulier de verre de notre génération. On l'enfile quand on rencontre une inconnue, on danse toute la nuit. Et puis on la balance. La capote, j'veux dire, pas l'inconnue.

On est les enfants oubliés de l'histoire.

Vous n'êtes pas un flocon de neige merveilleux et unique, vous est fait de la même substance organique pourrissante que tout le reste.

- Je sais que j'ai une double personnalité avec toi...
- Très juste tu es docteur Jekyll et Mister Connard


J'ai envie de trouver ma Marla Singer. Et pourquoi pas, de devenir Tyler Durden. Mon projet chaos s'étendra bien assez à ma vie. J'ai envie de trouver ma Marla Singer. Et je l'appellerais Jade. Je ne sais pas pourquoi Jade. Mais Jade parce que. Ca m'est venu comme ça. Sans se poser de question. Mon esprit s'est dit: Elle s'appellera Jade. Parce que les Jade sont belles. Vous connaissez des Jade qui ne sont pas belles? Non. Ce sera Jade ou personne. Vous connaissez une fille qui s'appelle Jade? Si c'est le cas, épousez là. En tous cas, moi je l'épouserai. Oui, juste parce qu'elle s'appelle Jade. Et parce que les Jade sont belles. Peut être parce que j'aime la Jade. Mais ça sera Jade en tous cas. Et Jade pourra ne pas m'aimer, je l'aimerai quand même. Elle aura la peau douce Jade, douce comme si on se frottait à l'air, au vent qui souffle lorsqu'il fait chaud. Jade ne ressemblera à aucune autre, parce qu'elle sera la mienne de Jade. Je la porterai autour du cou quand l'envie m'en dira, ou je la laisserai à la maison ou dans la poche de mon pantalon. Mais elle sera toujours Jade, Jade. Parce que Jade ne changera jamais. Elle ne cherche pas à gravir les échelons Jade. Elle ne cherche pas à devenir riche, ou a s'acheter tout le mobilier Ikea du monde Jade. Elle s'en fout de la richesse et de la réussite Jade. Jade s'en fout de tout, ou presque. Jade je la tiendrais par la main, et je lui dirais doucement: "Tu es ma Jade, tu le sais Jade. Je n'ai jamais aimé une autre Jade comme toi, car je n'ai jamais aimé une autre Jade. Jade je voudrais que tu m'aimes. Jade je voudrais que tu m'aimes pour toujours. Jade j'ai envie de toi, là, maintenant. S'il te plait Jade, souris moi Jade, embrasse-moi Jade. Jade, j'aime répéter ton prénom Jade. Jade épouse-moi ou ne m'épouse pas Jade. On se mariera Jade. On aura des bagues en Jade, Jade. Je m'en fous Jade, je veux te baiser Jade, je veux t'embrasser Jade. Je veux ton corps Jade, je le veux dans mon lit, je le veux sur moi, je le veux à côté de moi. Le jour où la nuit, tu dois être la tout le temps Jade. Je veux qu'à chaque fois que je ferme les yeux, c'est sur toi qu'ils s'ouvrent Jade. Je veux que la dernière fois où ils se fermeront, que ça soit sur toi Jade." Il n'y presque pas plus beau prénom, que Jade. Jade c'est le prénom qu'on répète à l'infini. Jade par ci, Jade par là. Si j'épousais Jade, je ne lui donnerai pas de surnom, comme mon amour, ma chérie, je l'appellerai Jade. Tout le temps. Partout. Je hurlerai son prénom. Je dirai ma petite Jade, mon amour de Jade, ma Jade chérie. Si j'avais un bateau, je l'appellerai Jade. Si j'avais une femme je l'appellerai Jade. Je voudrais que l'on renomme la Terre, la Jade. Le papier peint de notre chambre miteuse, serait couvert de Jade. Partout, dans tous les sens. J'aurais écrit le plus grand nombre de fois Jade, à l'envers à l'endroit, à la Jade. Jade, encore Jade, toujours Jade, partout Jade, l'amour de Jade. Il n'y a ni Marie, ni Madeleine, il y a Jade. C'est Jade qui panse mes plaies et mes blessures, c'est de Jade dont je rêve la nuit, c'est avec Jade que je veux faire l'amour. C'est Jade que je veux entendre susurrer dans mon oreille, des mots d'amour et des mots horribles. C'est Jade et son corps, Jade, ma Jade qui sera là quand je serais mort. Jade. Si je ne trouve pas de femme qui s'appelle Jade, je demanderais à la personne assez stupide pour m'aimer de changer de prénom. Elle refusera, parce qu'elle n'est pas Jade. Jusqu'à temps de tomber sur une assez amoureuse qui acceptera. Mais je la tuerai. Je m'en fous, ce n'est pas Jade. Moi, celle que je veux, c'est Jade, et personne d'autre. Pourquoi me parles tu? Tu n'es pas Jade, ce que tu me dis ne m'intéresse pas. Si je ne réponds pas, ce n'est pas parce que je suis captivé, mais parce que je n'en ai rien à foutre. Je veux Jade, donnez moi ma Jade. Juste Jade, s'il vous plait, une petite Jade, une grande Jade, même une demi-Jade. Apportez la moi sur un plateau de Jade, Jade. Qu'est ce qui ne va pas chez Jade? Mais tout va chez Jade. Tu ne la trouves pas belle? C'est parce que tu n'es pas digne de Jade. Tu la trouves stupide? C'est parce que Jade s'en fout de te répondre intelligemment pauvre con, car tu n'es pas à sa hauteur, sa hauteur de Jade. Jade partout. Jade sur les murs, Jade sur les toits, Jade dans les rues, Jade à la télévision, Jade dans le ciel, Jade à l'étranger, dans les océans, sur d'autres planètes. Jade est en continuelle expansion jusqu'à preuve du contraire. Jade ne fini pas, et ne commence pas. Jade ne s'arrête jamais, elle patiente patiemment Jade. Car Jade a tout son temps de Jade. Jade aux enfers et Jade au paradis. Jade a tout connu, Jade. Jade sait ce que c'est que souffrir, et Jade sait ce que c'est que le bonheur d'une Jade. Jade n'arrêtera jamais Jade. Personne ne peut arrêter Jade, même pas Jade. Jade est fabuleuse, idyllique. Jade c'est le summum. Jade c'est la perfection. Mais la perfection de quoi? La perfection du rien. Ni de la beauté, ni de l'intelligence, ni du néant. Jade est juste la perfection, sans se rattacher à aucun critère. Jade est Jade. Tout simplement. Jade n'aime pas Jade, mais j'aime Jade, alors Jade se le rend bien. Jade me sauve la nuit. Jade me sauve le jour. Jade me sauve dès que j'ai besoin d'elle. Jade est là, parfois, parfois non. Je sais lorsqu'elle viendra, ou lorsqu'elle ne viendra pas. Parce qu'elle m'aime Jade, elle me le dit à l'oreille. Alors je la dévore Jade, je l'embrasse sur tout le corps Jade. Même si elle m'arrête souvent Jade. De lassitude de Jade. Je voudrais l'embrasser encore Jade, sur tout le corps, sur tout son corps de Jade, partout, ne plus arrêter de l'embrasser Jade. Jusqu'à ce qu'elle en ai marre et me désire. Jusqu'à ce que Jade veuille de moi, en elle. Jade n'a envie que de moi, c'est pour ça que c'est ma Jade. C'est pour ça qu'elle se laisse porter à mon cou, ma Jade. Jade est somptueuse. Jade c'est Jade. Elle est comme ces personnes si particulières pour les autres, qu'on ne répond que par leur prénom et le verbe être. C'est qui Jade? Elle est comment Jade? Pourquoi tu aimes Jade? Jade c'est Jade. Un point et c'est tout. Dire plus est superflu. Ne pas aimer Jade aurait été impossible. C'était dans mes gènes, inscrit dans mon corps, comme certains naissent blanc, noir, jaune, moi je naissais Jade. Je naissais avec ce bénéfice, avec cet handicap de la Jade. Imputable à ma personne, je crois dans la pérennité de mon amour pour Jade. Jade je l'écrirai sur les corps. Je tatouerai les humains, et écrirai en énorme, Jade. Jade est ici. Jade ne m'appartient pas, elle lui appartient. Jade que fais tu? Jade où es tu? Jade pourquoi es tu si loin? Jade s'il te plait revient. Tu me manques Jade. J'ai besoin de Jade. Je veux Jade à mes côtés, je veux ma Jade. Jade reviens. Contre moi Jade, colle toi Jade. Jade, encore, encore une fois, s'il te plait Jade. Ne pars plus si loin Jade, je ne partirai plus, c'est promis Jade. Mon départ était de trop Jade, mais reviens moi Jade. Tu me reviens de droit Jade, je l'ai écrit Jade, nous l'avons signé Jade. C'est écrit Jade, je l'ai signé Jade. C'est effacé Jade, mais je t'aime Jade. C'était écrit sur du sable Jade, et l'eau a tout effacé Jade. Mais reviens Jade. Je t'aime Jade. Je te le dis encore Jade, si c'est ce que tu veux entendre. Je t'aime toujours Jade. Je n'aime que toi Jade. Les autres n'étaient que des mensonges, des mensonges à la Jade, pour t'attendre Jade. Tu reviens bientôt Jade, mais bientôt c'est trop Jade. Je veux que bientôt deviennent maintenant. Non Jade, ce n'est pas qu'une affaire de lettres Jade. C'est une affaire de temps Jade. J'ai besoin de toi le matin, le midi, et le soir Jade. T'es mes cachetons Jade, t'es ma dope Jade. T'es mon orgasme Jade. T'es mon éjaculation Jade. T'es la contraction des parois vaginales et utérines Jade. T'es les cris de plaisir Jade. T'es les cris de douleurs Jade. T'es la main sur la bouche Jade. T'es la bouche sur la main Jade. T'es la bouche sur la joue Jade. T'es la bouche partout Jade. T'es le corps en extase Jade. T'es le corps en bad trip Jade. T'es le corps au septième ciel Jade. T'es le corps au septième cercle de l'enfer Jade. T'es bénie Jade. T'es damnée Jade. T'es folle Jade. T'es la main sur les yeux Jade. T'es la main sur le corps Jade. T'es le plus intense des efforts Jade. T'es la nuit la plus douce Jade, le sommeil le plus profond. T'es la nuit la plus mouvementée Jade, l'insomnie la plus longue. T'es les larmes qui coulent Jade. T'es l'explosion de rire Jade. T'es le bien être total Jade. T'es la culpabilité d'un homme Jade. T'es ce qui glisse sous mes mains Jade. Tu te dois d'être ce qui ce trouve sous mes mains Jade. Parce que mes mains ne réclament que toi Jade. Elles veulent tes hanches Jade, elles veulent tes bras. Elles veulent tes cheveux Jade, elles veulent ton sexe. Petite Jade tu es prisonnière de mes mains. Jamais elles ne te relâcheront Jade. Petite Jade tu es prisonnière de ma bouche. Jamais elle ne s'arrêtera Jade. Sur tout ton corps Jade. Le sang coulera, car ta peau aura souffert de trop de baisers Jade. J'userais mon corps sur ton corps Jade. Jusqu'à la fin Jade. Même s'il ne pouvait ne pas avoir de fin Jade. La mort l'emportera Jade. Ma mort l'emportera Jade. Ta mort l'emportera Jade. Et nous finirons en cendres Jade. Comme les cendres des cigarettes que je fume Jade. Nous finirons en cendres Jade. Dans un cendrier en forme de coeur Jade.
Dans un cendrier en jade, Jade.

Dimanche 29 juin 2008 à 4:46



Je sais que vous dormez, mais pas moi. On ne change pas les bonnes vieilles habitudes. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour ne plus jamais avoir besoin de dormir. C'est un don du ciel, ceux qui peuvent ne dormir que très peu, c'est un don du ciel, pour qu'ils puissent accomplir un tas de choses. Alors je force ce don, pour qu'il me vienne.

L'espace d'un instant je suis le roi du monde.

C'est difficile de se rendre compte de notre addiction, de notre dépendance, de nos actions mécaniques, bonnes ou mauvaises, mais tellement répétitives et fréquentes que dans les deux cas elles en viennent à nous sembler plus que normales, non pas vitales, mais essentielles.

Après le Petit Homme, après Madame, et après le Géant de la Tour, je vous présente quelqu'un d'autre.

Tu es l'actrice de ta vie, tous les matins, tu joues. Non pas un rôle, tu es bien toi. Tu ne mens pas sur ta personnalité, sur rien. Tu es franche, mais tu joues un rôle, parce que tu joues une pièce. Tous les matins, tu effectues les mêmes actions, vitales, tu te lèves te laves te nourris; mais toutes les nuits aussi, tu es cette actrice. Tout ce répète pour toi. La même heure le même lieu le même corps ; le temps le lieu la cause le but, pourtant ce n'est pas la même ville, ce n'est pas la même personne, et il est plus tard que jamais. Existe t-il pourtant une vraie différence avec le reste? C'est toi qui décide. Tu marches sur la même moquette, ou le même carrelage que les autres fois, et tu passes dans le même couloir ou la même cuisine que les autres fois, et tu franchis la même porte ou presque que les autres fois. La poignée est certes différente, ronde carrée ou octogonale, en plastique en fer doré ou en argent, la porte rouge verte bleue avec des posters, en bois en verre avec ou sans cadre. C'est toujours la même porte, car elle mène toujours au même endroit pour faire la même chose avec les mêmes gens. Puis tu t'allonges sur le même lit ou sur le même sol, qu'importe, c'est du pareil au même. Les draps ou la moquette sont toujours plus ou moins doux, puis c'est toujours la même scène; qui se répète inlassablement et sans fin: tu ne fais rien, et tout arrive de la même manière ; tu ne fais rien et tout arrive de toutes manières.

Alors vient le froid. Comme le froid du matin que tu ressens sur ton visage quand tu sors de chez toi pour aller prendre ton bus jaune qui t'amène dans ta belle école privée qui coute chère à tes parents, qui eux, tous bons qu'ils sont, pensent que là-bas on t'apprends la vie, on t'apprends à vivre, alors qu'on t'apprends seulement à arrondir les coins pour que tu rentres mieux dans un bel endroit douillet et heureux qui s'appellent allègrement Le Moule. Tous les matins, le même trajet, le même bus, les mêmes gens, les mêmes mots, les mêmes idées, les mêmes phrases, les mêmes baisers, les mêmes déceptions, les mêmes souffles d'ennui. Comme tous ces matins, où il fait froid, dans des draps blancs, de grands draps blancs où les amoureux se perdent dedans. Ils courent les yeux ouverts et s'amusent, ils s'embrassent alors dans de grands draps blancs et doux qui caressent leur peau. C'est ce que tu as vu dans la pub. Toi, le matin, ce ne sont pas les draps de la pub qui t'enveloppent. Des draps froids, froids d'une absence, l'absence d'un corps, d'un esprit, d'une idée, et d'un souvenir. C'est la même scène qui se joue, tu répètes ta pièce. La mise en scène diffère, donc les décors changent, les acteurs aussi, mais au fond, ce sont les mêmes répliques, les mêmes mimiques, les mêmes gestes. Des acteurs différents ou non, on ne réinvente pas le rôle de l'Homme dans ta pièce, tu le connais par coeur. La pièce ne pourra jamais s'arrêter, car tu es l'actrice principale, celle pour qui les autres acteurs viennent jouer. Tu répètes alors les mêmes répliques, les mêmes scènes tous les jours, tous les matins. Tous les matins pourtant tu oublies ton texte, tu oublies la scène que tu as joué il y a seulement quelques heures, tu accuses les autres, mais rien y fait, tu ne sais rien. Tu ne sais rien. Tu ne sais rien et tu penses que c'est tant mieux. Tout a disparu dans les draps qui sont désormais tâchés, qui sont désormais brulés, par le péché de chaque nuit, de chaque soir, de chaque fois, de chaque temps, de chaque temps, de chaque fois. Pourquoi?

Si seulement tu savais pourquoi. Car pour tous :

Tu es le sel de la Terre, et le bleu du ciel. L'enfant unique et multiple, prodigue. De toi vient l'espoir, l'espérance, la confiance, la liberté, et le futur. Tu es les rêves des femmes d'âge mûr, et celui des hommes lubriques, en toi réside la beauté, l'avenir, le désir, et le passé refoulé. Le monde te voit tous les jours te lever, te laver, manger, partir, sortir, jouir, dans les rues et les maisons aux alentours. Tu peuples chaque infante, petite fille, fille, ado, femmes, vieilles, du monde entier. On te trouve dans leur corps et dans leur tête. Tu te trouves dans leur peau et dans leur cerveau, et tu ne les quittes jamais.

Tu portes tes grandes robes à fleurs qui s'appellent: la première fois naïveté, la seconde faux-espoir, la troisième faiblesse, la cinquième alcool, la douzième tristesse, la septième amour. La treizième, la quatorzième, la quinzième, la seizième, et toutes celles que tu as oubliées. Tu les portes, à tour de rôle, suivant les nuits, suivant les envies, tu aimes te parer d'elles comme d'excuses. Parfois tu portes l'oubli, il est seyant, il serre un peu et ne tient pas très chaud, mais il te va si bien. Il est beau même s'il ne ressemble à rien. Parfois tu accuses une autre robe, la cinquième, la douzième, toutes à la fois! Et on te croit. Vilaines robes, vilaines. Pourtant, ces robes tu ne les portes que le soir, qu'au regard d'inconnus, et jamais devant toi même ou ta famille. Personne ne te voit porter tes belles robes de soirées, qui brillent et te transforment en princesse passé minuit. Tu es belle, et tu tournes sur toi même jusqu'à tomber, la tête qui tourne, le corps qui tourne. Tu te sens faible, la robe te sert un peu, alors tu l'enlèves, mais tu la remettras demain, c'est sur. Tes souliers rouges scintillent, ils ont de petits diamants qui font de la lumière sur les murs. Tes grands yeux bleus, noirs, verts, regardent les murs. Tu ne sais pas encore où tu es. Peut être que tu ne le sauras jamais. Tu ne sais plus quoi penser, alors tu préfères t'arrêter. Oh oui Petite Fille tu as grandit, oh oui Petite fille les poupées sont jolies. Tu n'es pas une poupée pourtant, tu ne dois pas l'être, tu ne dois pas te transformer en poupée de cire Petite Fille, car papa maman croient en toi comme les athées croient en Dieu: par nécessité, par besoin de croire dans un espoir salvateur qui nous sauvera du mal, de la solitude, des repas findus pour célibataire, et de la branlette devant la télé. "Apprends moi Madame à ne pas être une poupée" mais tu sais bien Petite fille, que Madame veut que tu sois toi aussi Madame, et Madame, elle aussi, à été une poupée, donc tu en seras une de même. Madame rêve de te voir réussir, grandir, passer et dépasser les autres. Devenir une grande femme. Tout ce qu'elle fait te transforme pourtant en Madame. Madame ne pense pas à toi, elle pense à la future toi, et elle oublie que tu as un passé, et surtout un présent.

Petite fille, Petite Fille regarde moi
Petite fille ne pleure pas, cette fois.
Le soleil se lève sur de grands draps blancs
Ce sont les nôtres pas ceux du vent.

Tu t'es couchée sous mon corps
Et réveillée à l'aurore
Sous les draps, dans mes bras
Je ne partirais pas cette fois.

Car tu es venue sans porter de robe à fleurs
Tu étais vêtue d'un sourire et de peur
Mes draps portent ta trace
Mais auprès de moi il y a de la place.

Tu as vu tous les plafonds du monde, tu sais que la terre est ronde. Mais tous les plafonds du monde, ne t'ont pas fait voir que la Terre s'effondre.

Pourtant tu reporteras tes robes
D'autres nuits, d'autres opprobres.
Petite fille tu l'es dans les esprits
Des mes bras, dans mon lit.

Petite Fille un jour tu grandiras, et tu deviendras Madame ou tu ne deviendras pas. Tu auras mis fin à tes jours en serrant trop fort une robe, et en déchirant la septième. Involontairement, tu as essayé de superposer différentes robes, et ça l'a totalement abîmée, et toi avec. Ca t'a fait mal, tu as souffert, c'est ta faute aussi. Alors lorsque tu seras Madame, et que tu connaitras le géant de la Tour, tu te souviendras du temps où tu étais Petite Fille, et tu le regretteras, car être Madame change bien de porter des robes. Tu lègues les robes pour le tablier. Le tablier blanc et bleu que ton pantin t'a offert, n'est-il pas beau et seyant? Il te va à merveilles. Je te salue Petite Fille, comme tu salues les années passées une fois Madame. Je te salues Petite Fille, comme tu salues les corps qui partent le matin. Je te salues Petite Fille, pleine de grâce. Pupille des nations.

La suite s'écrira sur tes mains sur tes doigts
La suite s'écrira ou ne s'écrira pas.
Tu aurais pu l'écrire à deux
Mais à un il vaut mieux.

Petite fille future Madame
Je te salue bien bas
Je vous présente mon âme
Faites en bon usage cette fois.

Attention à ne rien froisser
De vos doigts ensanglantés.
Attention à ne pas tâcher
Par vos gestes oubliés.

Voilà la robe déchirée
Tu l'auras bien méritée.
Celle qui avait couté si cher
A ton corps, à ton cœur de fer.

Avec toi je suis au plus bas
Je ne vois rien de là
Mis à part tes pieds
Que tu me demandes d'embrasser.

Serre moi dans tes bras
Raconte moi tout bas
Les histoires passées
Les contes de fées.

Petite Fille réveille toi
Il est l'heure d'aller travailler
Je ne le ferais pas pour toi
Tu es Madame désormais.

Tu ne te réveilles plus dans les mêmes draps
Ceux là sont à toi pour une fois
Tu les reconnais très bien
Ceux sont ceux de ton pantin.

Voilà vingt deux ans que tu es là
Couchée dans ses blancs draps
Il t'a fallu cligner des yeux
Pour gagner vingt deux.

Le temps est gris aujourd'hui
Ne trouves tu pas Petite Fille
Demain ce sera aujourd'hui
Il fera gris tu le sais Petite Fille.

Je t'embrasse sur le front
Tu fermes les yeux pour de bon
Voilà pourtant ton tablier
Tout ça pour finalement me quitter.

La septième robe reste déchirée
Jamais tu ne voudras la recoudre
La septième robe tu l'as oubliée
Comme un coup de foudre.

Je ne pourrais plus t'embrasser
Plus jamais.
Je ne pourrais plus te regarder.
Plus jamais.

Quand sur toi pèsera le temps et l'avenir, quand sur toi s'accumuleront les robes que crée le temps.

je t'aime Petite Fille.

Du pareil au même.
Du pareil au même.
"

Lundi 16 juin 2008 à 23:18



Les âmes esseulées et tristes marchent les unes à côté des autres, comme un peloton d'exécution. Prêtes, patientes, sans volonté. Elles se regardent, s'aiment, sincèrement, leur amour les emplie complètement. Elles forment des couples, ensemble, et se soutiennent pour ne pas tomber. Elles marchent longtemps, longtemps et loin avant d'arriver. La poussière du sol, les ciels changeant, les saisons, elles voient tout défiler ensemble. Peu s'en remettent et sortent du rang, ou alors à deux, jamais plus.

Armer.

Elles se sentent tomber, profondément, et la chute continue. Tant bien que mal, en élevant leur esprit, tentant de remonter le long des parois, elles dégringolent. Le fond n'est plus très loin, on entend l'écho des premiers échecs. Il n'existe pas de sauveur qui vient du ciel, il n'existe pas de sauveur qui ne soit jamais tombé. Pour pouvoir récupérer les âmes perdues, il faut connaitre la chute, tout comme pour récupérer les noyés, il faut savoir nager. Il fait un noir chaud, humide, certaines ferment les yeux pensant que c'est un abysse sans fond. Mais les premiers clic cloc, les premiers fracas contre le bas se font entendre, alors les paupières se lèvent, et tant bien que mal, les âmes veulent remonter aussi haut que possible.

En joue.

Elles aperçoivent alors le fond qui se rapproche, elles savent que ce n'est pas la fin qu'elle auraient désirées, qu'elles aussi, comme ceux qui dorment et comme ceux qui vivent, elles auraient aimé ce goût du sommeil et ce goût du travail, elles auraient aimé l'odeur des corps et le sentiment de sécurité. Mais dans leur état d'âme, dans leur âme et conscience, la chute est plus simple, et elles savent que la simplicité est toujours le moyen emprunté. D'aucune ne reviennent après avoir vu le fond, où ce n'est qu'un temps, un ce n'est qu'une illusion. Leur corps défile devant leurs yeux, leur famille, amis, compagne. Leur solitude, tristesse, désirs, échecs.

Feu

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